Il tournait en rond. Allant et venant dans le petit espace que lui offrait son appartement, il s'arrêtait parfois pour regarder à travers la fenêtre. Il était déjà onze heures, et il ne parvenait pas à travailler, son esprit bien trop préoccupé par ce qui s'était passé aujourd'hui. En effet, lorsque Yuji s'était rendu à Akeno Paper Inc cet après-midi, séchant par la même occasion les cours de la fac - on ne peut pas être partout, il avait entendu quelque chose qui l'avait fortement alarmé. Et cette information lui torturait l'esprit depuis son retour chez lui.

Il était affairé sur un ordinateur avec quelques collègues. Faisant mine de chercher des informations qui pourraient s'avérer cruciales pour l'avancée de leurs découvertes, le pseudo-scientifique tentait surtout de ne pas se faire suspecter. Il laissait faire les autres, réellement expérimentés dans le domaine, tout en les assistant du mieux qu'il pouvait. En effet, il avait beau pouvoir prendre l'apparence de ce qu'il voulait, il n'avait pas la capacité de s'inventer un savoir inconnu. Et même caché dans l'enveloppe corporelle de Mizuno Satoshi, Kawahara Yuji n'était encore qu'un jeune étudiant apprenant les bases des sciences.
Alors, comme à chaque fois qu'il se faisait passer pour ce trentenaire au visage jovial, il rassemblait le plus rapidement possible tous ses souvenirs liés aux cours de biologie et de chimie du lycée ainsi que ceux de Todaï. Et l'anxiété le gagnait souvent, car s'il se faisait remarquer, il était fichu. Et il était actuellement le seul lien entre l'Organisation et la Résistance.
C'est alors qu'il surprit une conversation dont il ne savait pas s'il aurait dû l'entendre ou non.
- Ouais, il a dit avoir suivi une fille à la tour 109 pendant un moment.
- Et il a remarqué quelque chose ?
- Il n'a pas pu poursuivre sa filature bien longtemps, car un adolescent a subitement débarqué dans son champ de vision et s'est agrippé à la jeune fille en lui demandant si elle faisait du shopping. Et comme ce garçon semblait avoir trouvé suspecte la présence de Nakao ...
- Et la fille, elle ressemblait à quoi ?
- Il ne m'a pas donné de détails, mais apparemment brune, de très petite taille, et habillée de façon très colorée ...
Il n'eut pas besoin d'en entendre plus pour deviner qui était la jeune fille de la description. Sa soeur, qui d'autre ? Faisant mine de n'avoir rien entendu, il s'efforça de mettre cette révélation dans un coin de son esprit jusqu'au soir ...

Yuji soupira bruyamment. Comment en étaient-ils arrivés à aller soupçonner Aoi ? Car oui, il était certain que c'était elle dont les deux agents de l'Organisation parlaient, un peu plus tôt dans l'après-midi. La description correspondait parfaitement, et l'homme avait insisté sur la petite taille de la nippone. Et jusque là, sa soeur était l'adolescente la plus petite qu'il avait fréquenté jusque là. Et il en voyait, du monde !
Anxieux au possible, il n'avait de cesse que de faire les cent pas dans la maison, incapable d'ouvrir un cahier de révisions ou tout autre chose dans le genre. Il se demanda alors qui pouvait bien être le type qui l'avait accosté si familièrement ? Plusieurs solutions s'envisageaient : c'était soit Hayato, soit Kazuya, soit une de ses nombreuses connaissances du lycée. En effet Aoi semblait plutôt populaire dans son école, ce qui ne faciliterait pas la tâche à Yuji afin de deviner qui pouvait bien être ce type. En tout cas il élimina immédiatement l'hypothèse que ce soit Hayato, aux dernières nouvelles la Tour 109 serait le dernier endroit que le jeune homme fréquenterait. Kazuya ? De même, il ne l'avait jamais vu traîner là-bas. Pour sa part il y allait quelques fois pour s'acheter quelques accessoires, ou alors quand sa soeur le suppliait d'un regard larmoyant car elle n'avait aucune envie d'aller se balader seule.

Yuji passa devant la table basse, s'assit en tailleur, et tapa du poing dessus. Il était épuisé de réfléchir sans comprendre. Des nombreuses questions se bousculaient dans sa tête sans qu'il n'ait aucune réponse. N'ayant pas entendu les détails de la conversation, le nippon pria très fort pour qu'Aoi ne se soit pas fait remarquer. Elle était parfois maladroite, et aurait très bien pu tomber et s'écorcher ! Et là l'agent qui l'avait prise en filature aurait eu vite fait d'apercevoir ses talents, avec son oeil de lynx ! Après tout ils étaient formés pour ça ! Et si jamais l'un d'entre eux se faisait attraper, ils ne tarderaient pas à remonter jusqu'à l'association, et ce serait la fin. Que les Héros, ne sachant rien, utilisent leur pouvoir à leur guise, ne pouvant imaginer une seule seconde que le danger rôdait, pourquoi pas, mais que l'un d'entre eux cinq commette une erreur aussi petite qu'elle soit serait inadmissible. Yuji avait confiance en Aoi, mais il ne savait pas quels genre de moyens de persuasion possédaient les membres de l'Organisation. Il était persuadé que même en tant que Mizuno Satoshi il ne voyait que la partie émergée de l'iceberg, le côté sage du plan où les salariés faisaient tranquillement leur boulot avec en tête l'impression d'essayer de faire avancer la Science avec une découverte hors du commun. Mais qui sait ce qui se tramait dans la partie cachée dans l'ombre ? Peut-être de la torture, des projets malsains ... Et c'était encore trop risqué pour prendre l'apparence d'un proche de Akeno en sa présence. Il avait déjà revêtu celle de la jeune lycéenne et bras droit un peu niaise du chef, mais en présence de son fils, ce gamin qui venait fourrer son nez partout ! Mais devant Akeno lui-même, il n'était pas certain de garder sa crédibilité, après tout si la fille était son bras-droit il devait bien la connaitre. Pas lui.

Epuisé de réfléchir, il finit par se décider à sortir prendre l'air. Il attrapa une veste en cuir, enfila une paire de Converses, récupéra ses clés, son téléphone, son porte-feuille et ses tickets de métro et de bus. Sortir lui changerait les idées, et Dieu sait combien il en avait besoin.
Une fois la porte de son appartement verrouillée, il gagna la station de métro la plus proche et décida de se rendre à Roppongi. Là il se calerait dans une bonne boîte de nuit, il danserait, boirait, et se laisserait aller dans les bras de jeunes inconnues sans doute ...
Son plan en tête, il regarda par la fenêtre du métro le paysage défiler, d'un regard vide. Tant qu'il ne serait pas dans l'ambiance festive de la discothèque, il ne cesserait de ruminer ce qu'il avait découvert au labo cet après-midi.
Il arriva bientôt, se hâta de quitter la rame, et fila. Il entra dans la première boîte de nuit qui se trouva sur son chemin, et il s'installa au comptoir. Là, il commença par commander une bière, puis en attendant d'être servi, il jeta un coup d'oeil circulaire : des gens dansaient sur la piste, d'autres discutaient, accoudés au comptoir, d'autres étaient bien entourés, assis dans ses sofas en fon de salle, buvant un coup avec de belles demoiselles ... Et là-bas, un verre à la main ....

- Hayato ?!

Yuji voulut aller lui parler de l'événement d'aujourd'hui, mais d'une ce n'était pas l'endroit approprié et de deux il avait décidé de se changer les idées, pas de remettre cette conversation sur le tapis ! Et puis Hayato était au final la dernière personne avec qui il voulait discuter. Il choisit donc de l'ignorer, et récupéra sa bière. Mais il ne pouvait s'empêcher de lui lancer de dicrets regards toutes les deux minutes ...

Il avait beau regardé sa montre, le temps ne passait pas aussi vite qu'il avait prévu. Les secondes avaient décidé de coulé à une lenteur énervante... Ce qui impatienta Hayato. Attendant depuis un peu plus de dix minutes son ' taxi ', il se demanda si il n'avait pas perdu une roue en chemin pour arrivait aussi au retard que cela. Bien qu'il ne patientait que depuis une dizaine de minutes, Hayato allait émettre son point de vue au chauffard. En temps normal, lorsqu'il l'appelait, il venait dans la seconde... Étant le chauffeur de la famille, il se devait d'obéir aux ordres du fils unique sans quoi il savait ce qui l'attendait. Hayato était déjà de très mauvaise humeur à cause de son ennui alors si il devait encore plus attendre, il ne répondrait plus de lui. Soudain il vit le conducteur arrivait et il soupira de bonheur. Enfin. Il se hâta jusqu'à la voiture et monta à l'arrière en donnant sa destination. Même pas un bonjour, il n'avait qu'à pas le faire patienter ainsi. D'ailleurs comme il l'avait prédit, il ne se retint pas de faire un commentaire sur son retard. S'excusant à regret d'avoir vécu un embouteillage, il lui promit de le mener à Roppongi dans les plus bref délai. Le trajet avait été assez long avec le camion qui était devant eux et qui semblait rejoindre la même destination qu'eux. Hayato rumina avant de se concentrer sur le paysage. En tant normal, cela le calmait de voir les arbres passaient devant lui... Or, la voiture avançait tellement lentement qu'il crut défaillir. Son impulsivité reprit le dessus sur sa personne comme à l'habitude et il frappa dans le siège vide qui était devant lui, laissant l'empreinte de sa semelle.

« Tu peux pas aller plus vite ?! Double !! »
« Bien Kaname-san... »

Prit de panique, le chauffeur n'eut pas le temps de voir si une voiture arrivait en face d'eux mais heureusement pour eux, rien ne se passa et ils purent accélérer sans autre problème. Enfin content de la vitesse constante de la voiture, Hayato se cala contre le siège avant de faire une dernière inspection de ses habits. Ses bottines marrons qu'il ne quittait jamais avait encore cette impression de neuf malgré quelques égratignures mais elles s'accordaient parfaitement avec son blaser noir ouvert sur un T-shirt blanc où son collier pouvait se balancer lorsqu'il marchait. Remettant une de ses mèches dans le rétroviseur de la voiture, il se voulait beau pour ce qu'il avait prévu par la suite. La danse et les filles lui manquaient alors il avait eu une énorme envie d'aller en boite de nuit. C'était certain qu'avec ce qu'il faisait, il n'avait plus le temps d'aller là-bas et puis il connaissait assez bien la boite de nuit de Roppongi pour savoir qu'elle correspondait à ce qu'il attendait d'une boite. Le chauffeur le laissa sur le trottoir avant de repartir aussitôt. Il savait qu'Hayato n'aimait pas qu'il reste dans ses pattes et qu'il l'appellerait à sa sortie de la boite si il en avait besoin. Rentrant donc facilement malgré qu'il ne soit pas encore majeur, il s'éclipsa vers le bar pour commander quelque chose à boire. Un gin tonic, il avait besoin de fraicheur. L'atmosphère était lourd et chaud étant donné que beaucoup de monde se déhanchait sur la piste de danse... Il quitta donc le bar, verre en main, pour allait se poser contre un mur. Il but une gorgée avant qu'une jeune femme vienne l'accoster. Visage pâle, cheveux blond ondulant jusqu'à sa taille, il se rendit compte qu'il pouvait trouver des occidentaux un peu partout... Même dans des boites de nuit. Il était charmé par sa taille asse fine et ses yeux d'un bleu azur. De son sourire le plus enjôleur, il commença à discuter avec elle. Faire ' connaissance ' pour aviser par la suite. Soudain, alors qu'il buvait une fois de plus une gorgée de sa boisson alcoolisé, la femme lui fit remarquer quelque chose d'assez important...

« Il y a quelqu'un qui te regarde depuis tout à l'heure... »
« Ah ? » Lâcha Hayato en tournant le regard vers l'endroit qu'elle pointait du doigt.

Et c'est ainsi qu'il le vit. Cheveux noir, Air fatigué... Pas de doute, c'était bien Yuji. Hayato se demanda ce qu'il faisait dans un endroit comme celui-ci au lieu d'être à bosser chez lui. Un problème ? Une envie de prendre du bon temps ? … De toute manière, cela ne le regardait pas et il s'en fichait. Il était là pour profité de sa soirée et non pas pour s'inquiéter des problèmes du ' chef ' du groupe.

« Tu le connais ? »
« Ça te regarde pas. »

Continuant de le regarder, il le vit soudain se retourner une fois de plus vers lui... Leurs regards s'accrochèrent et Hayato coupa assez vite le lien qui s'était créé pour passer à autre chose. Il finit son verre d'une traite et le posa sur une table proche avant d'attraper la main de l'inconnue et de se fondre dans la masse pour aller danser avec. Plus il évitait Yuji, plus il se sentait mieux. Il n'avait aucune envie de lui parler lors de son temps libre.

La musique résonnait dans ses oreilles, telle un calmant qui le détendait. Enfin, ça c'était juste avant de s'apercevoir de la présence de l'un des membres de la Résistance, et pas son favori qui plus est. En effet, au fond de la salle il avait remarqué qu'Hayato buvait un verre, en bonne compagnie. Lui-même ne s'était sans doute pas aperçu que Yuji l'observait discrètement depuis un moment. Qu'importe, le nippon n'avait aucune envie d'aller converser avec son collègue qu'il ne portait pas vraiment dans son coeur. Mais au bout d'un moment, le nippon leva le nez après qu'une jeune occidentale près de lui lui ait glissé quelques mots à voix basse. Leurs regards se croisèrent, l'espace d'un instant. Puis Hayato se leva et disparut du champ de vision de Yuji. Soupirant, il vida sa pinte d'un trait et se leva, décidé à rejoindre la piste de danse. Et à oublier la vision d'Hayato.
La piste de danse était bondée. Il eut une certaine difficulté à se frayer un chemin entre les danseurs qui se déhanchaient avec entrain. Il finit enfin par dénicher un petit espace vide où il s'inséra du mieux qu'il put. Il se retrouva vite nez-à-nez avec une nippone aux cheveux châtains, lissés à souhait, et aux yeux noisette. Elle lui adressa un sourire se voulant sans doute charmeur et l'invita à danser. Il accepta sans conviction, voulant juste se changer les idées. Il espérait donc de tout coeur que cela fonctionnait.
Yuji se mit à esquisser quelques pas de danse face à sa nouvelle partenaire, qui avait l'air pour sa part sincèrement emballée.
Et puis finalement, tout en gesticulant dans tous les sens en faisant en sorte que cela ne rende pas un effet ridicule, il revit le visage d'Hayato passer furtivement devant lui. Il réapparut un peu plus loin. Il s'était mis à danser lui aussi, accompagné de la demoiselle occidentale qu'il avait aperçue en sa compagnie un peu plus tôt dans la soirée.

Il avait beau détourner le regard à chaque fois que le visage de son collègue revenait dans son champ de vision, sa présence dans cette discothèque renforça son inquiétude à propos des récents événements. En effet, voir Hayato ou même savoir qu'il était ici, participant à la même fête que lui, lui suffisait pour raviver ses souvenirs de la journée passée, alors qu'il était au départ venu ici pour décompresser. Mais pour Yuji, cela devint rapidement mission impossible car Hayato lui faisait immédiatement penser à la Résistance, étant donné qu'il côtoyait ce fils à papa uniquement pour le groupe, et donc à Aoi, et par association d'idées à la conversation qu'il avait surprise cet après-midi même sous son apparence de Satoshi. Il ne se préoccupait même plus de sa partenaire, et c'est d'ailleurs en se souvenant qu'il ne dansait pas seul qu'il se rendit compte que le visage de la jeune femme avait changé. En fait une autre fille l'avait remplacée, la précédente ayant dû s'ennuyer fortement du manque de répondant du nippon. Elle avait peut-être posé des questions tout en faisant bouger son corps au rythme de la musique devant lui, et il n'en avait capté aucune. Il fallait avouer qu'un défaut de Yuji était qu'il était rapidement fermé au monde extérieur quand il se plongeait dans ses pensées profondes. S'il se penchait sur un problème épineux, il était difficile de le ramener à la surface, et la solution miracle était soit de lui hurler dans les tympans, soit de le secouer comme un prunier.

Des images furtives lui traversèrent alors l'esprit. Il vit Aoi, affichant un air terrorisé sur son adorable minois. En face d'elle se tenait un homme affublé d'une paire de lunettes noires, cachant l'expression de son visage. Il ne souriait pas, et pointait un tazer sur elle. Et puis elle se mettait à hurler de douleur sous la décharge électrique. Yuji fut parcouru d'un long frisson qui traversa son échine. Son esprit lui jouait de bien mauvais tour, et son imagination s'en donnait à coeur joie pour lui inculquer d'horribles visions, sans doute irréelles. Si Aoi avait été en danger, il ne serait sans doute pas là en train de danser sans aucune motivation.
Il se demanda alors si la bière qu'il avait ingurgité avait eu un effet néfaste sur son organisme avant de se souvenir qu'il tenait plutôt bien l'alcool. Mais il comprit une chose, c'était que ce soir il lui serait tout simplement impossible de se changer les idées. Boîtes de nuit ou non. Il tenta alors de s'approcher d'Hayato en se faufilant parmi les danseurs, mais ce dernier en faisant partie il se déplaçait souvent et rapidement sur la piste. Il fallait admettre qu'il se débrouillait plutôt bien à la danse. Il finit enfin par l'atteindre et lui souffla, espérant qu'il entende :

- Ai quelque chose à te dire.

Puis il fut englouti dans la foule, et eut de nouveau de grandes difficulté pour se frayer un chemin parmi eux. Cette foule était un savant mélange d'adolescents et d'adultes, de tout âge, tous sexes et tous styles vestimentaires. Il rejoignit finalement le comptoir mais s'installa sur un autre siège, le sien ayant été pris par un homme d'une quarantaine d'années qui avait commandé la même chose que lui. Pour patienter, et surtout voir si Hayato avait entendu son message ou s'il viendrait seulement, car il pouvait tout aussi bien décider de l'ignorer royalement, il commanda un verre de Coca, décidant que pour ce soir l'alcool c'était fini. Qu'il tienne ou non, les visions imaginaires que son esprit avait engendré l'avaient assez refroidi pour qu'il se donne de nouvelles raisons de se créer des hallucinations.

Ayant très vite abandonné les paroles aux pas de danse, Hayato suivait les mouvements de la jeune occidentale sans faire de commentaire. Ils bougeaient au même rythme, pas trop lentement ni trop rapidement. C'était parfait. De plus, Hayato n'avait pas de mal à être un bon danseur... Les vidéos sur les cours de danse l'avaient bien aidé ! Alors qu'il s'amusait à voir qu'une autre jeune femme essayait de piquer la place à la blonde, il entendit alors la voix de Yuji. « Ai quelque chose à te dire. »... Au début, il avait cru entendre des voix mais pourquoi celle de Yuji plus particulièrement ? Il se retourna avec vitesse en voyant soudain sa tête brune s'envolait de la foule. Il n'avait pas rêvé... C'était bon signe dans un sens. Mais pourquoi voulait il le voir ? Hayato savait qu'il ne le portait pas dans son coeur... Il préféra donc le laisser pour le moment. Profiter de sa soirée passait avant tout. Il se déhancha avec l'occidentale pendant plusieurs minutes mais rien n'y faisait... La curiosité était un vilain défaut, il l'avait compris depuis longtemps. Abandonnant à regret sa partenaire d'un soir, il parcourut la foule en bloquant sa respiration. Ils étaient réellement trop serrés ! Lorsqu'il arriva à bout de la foule, il respira enfin. Bonheur. Il tourna ensuite le regard vers le bar par automatisme... Pourquoi d'ailleurs ? Peut-être le voyait il comme un alcoolique ayant besoin de sa dose d'alcool dans le sang ? … Quoiqu'avec son coca en main, il ne rentrait pas dans l'image qu'Hayato s'était fait de lui.

Il avança en sa direction bien décidé à juste savoir la raison du pourquoi Yuji voulait lui parler. Aucune chance qu'il ne reste à l'écouter plus. Ou sinon il quitterait vite fait, bien fait, la boite de nuit. Peu importe si l'occidentale lui avait plu, il ne voulait pas rester hiberné aux côtés de Yuji... Surtout dans une boite de nuit... Brrr...

Il s'installa au bar, près de Yuji sans l'être vraiment... Juste de sorte à ce qu'il puisse discuter malgré le bruit de la musique qui tambourinaient dans leurs oreilles... C'était bien une boite de nuit mais il préférait un autre endroit pour pouvoir discuter tranquillement. Surtout qu'il ne parlait qu'à Yuji que d'un sujet par rapport à la Résistance. Et vice versa. Il commanda une nouvelle boisson au barman pour ne pas changer et attendit patiemment qu'elle fut faite pour l'entamer. Une fois son verre posé, Hayato se retourna vers Yuji d'un air décidé. Si il ne lui parlait pas maintenant, il savait qu'il n'allait pas répondre et qu'il l'enverrait balader.

« Pourquoi tu veux me voir ? »

Soudain, en se tournant vers lui, il eut une superbe vision... Il avait l'air très sexy avec son coca et son air fatigué dans une boite de nuit. Le genre de puceau à bosser comme un malade en fait... Il eut pitié de lui sur le coup et ne put s'empêcher d'en faire la remarque. Ce fut donc avec un sourire narquois sur le visage, qu'il pointa sa boisson du doigt.

« T'as l'air bien avec ton coca dans la main toi... T'as pas assez de sous pour t'acheter autre chose ? »

Reprenant alors son verre pour le porter à sa bouche, il attendit patiemment -tiens donc ?- de savoir de quoi Yuji allait lui parler. Surement d'un truc qu'il avait découvert... Mais si il souhaitait lui en faire part, il l'aurait dit lors des réunions de la Résistance... Cela devait être un truc urgent... Il eut soudain un flash-back le ramenant vers Aoi... Le stalker de la dernière fois l'avait piègé ?! Elle avait trébuché et il avait pu tout voir lors d'une de ses filatures ?! … Mais non... C'était impossible. Il l'avait raccompagné jusqu'à chez elle et il était certain de n'avoir vu personne sur la route. Quoique... Il avait un gros doute maintenant. C'était malin.

Une chose était certaine, c'était qu'Hayato ne le rejoignit pas immédiatement. Comme l'avait préconisé Yuji, ce dernier avait sans doute préféré ignorer le petit message glissé près de son oreille au milieu de la piste de danse afin de profiter au mieux de sa soirée. Surtout qu'il semblait bien accompagné.
Yuji l'avait aperçu une fraction de seconde, se déhanchant en face de sa partenaire. Son don avait dû beaucoup l'aider pour apprendre aussi aisément chaque pas de danse, car il semblait maîtriser bon nombre de choses dans le domaine. Lui-même se débrouillait plutôt pas mal, mais son don ne lui permettait pas d'avoir autant d'aisance que son collègue.
Son Coca entre les mains, il regardait d'un air vide et inexpressif les gens se déplacer au rythme de la musique. Au moins ici, l'ambiance était au rendez-vous et la musique diffusée plutôt sympathique. Parfois le morceau qu'il entendait faisait partie de ses innombrables playlists de son pc ou de son ipod, qu'il s'était vu offrir pour ses vingt ans par son père. Le but étant de remplacer le mp3 qu'il faisait tenir depuis le collège et qui venait tout juste de rendre l'âme.
Sirotant de temps à autres son verre à la paille, Yuji se dit alors qu'il aimerait bien s'amuser avec autant d'insouciance, comme ces gens, sans aucun poids sur les épaules que celui de mener une vie bien remplie. Pour sa part, pendant que les gens vivaient leur petite vie, il oscillait entre la fac et les laboratoires de l'Organisation afin de glaner la moindre information capitale sur l'avancée de leurs recherches. L'angoisse était toujours au rendez-vous, celle de se faire démasquer par un de ses soi-disant collègues, celle de perdre un ami cher ou d'apprendre qu'un Héros avait été capturé ... Parfois il se disait que la vie était injuste. Il avait beau avoir en lui cette capacité de se transformer en ce qu'il désirait, il y avait toujours des conséquences, le revers de la médaille comme l'on disait si bien. On ne pouvait pas recevoir un don des Dieux sans en payer les conséquences, n'est-ce pas ! Et les siennes, étaient de subir tout ça, d'avoir constamment peur de perdre ses proches -ou moins proches, avoir cette impression que tout reposait entre ses mains. Bien sûr, Hayato, Aoi, Sakura et Kazuya étaient là aussi, mais il avait cette fâcheuse manie de tout encaisser sur ses épaules, ne supportant pas l'idée de devoir mettre les gens en danger. Ce qui le rendait désagréable aux yeux des autres, Aoi lui en voulait d'être surprotecteur, Hayato l'affublait de cet horrible surnom de "petit chef" ...

Et puis le visage d'Hayato apparut devant lui. Il avait finalement quitté la piste de danse et accessoirement sa partenaire occidentale pour le rejoindre. Avait-il manifesté de la curiosité à l'égard de la petite phrase glissée par Yuji un peu plus tôt ?
Il l'observa s'installer à côté de lui en gardant tout de même une certaine distance, histoire de lui rappeler qu'ils n'étaient ni copains ni quoi que ce soit qui pouvait y ressembler. Il se commanda une boisson, et finit par demander le pourquoi du comment au nippon, en somme : que lui voulait-il ? Il ne put se résoudre à répondre tout de suite, cherchant ses mots. Cette situation le perturbait mais il n'aimait pas trop montrer ses faiblesses à Hayato, lui donnant de nouveaux prétextes pour l'enfoncer. Mais à peine s'était-il décidé à parler que son interlocuteur le devança pour lui balancer une énième pique. Pas assez de fric ? Ben voyons, c'est sûr que comparé à lui sa petite fortune ne valait pas grand-chose, lui qui ne se rabaissait pas à prendre le métro pour se balader, ayant son chauffeur personnel attitré. Yuji eut une forte envie de répliquer, mais à quoi bon se justifier devant quelqu'un comme lui, lui dire que l'alcool lui avait filé d'atroces visions hallucinatoires lui aurait donné une nouvelle occasion de se moquer de lui plutôt que de lui faire fermer son clapet. Il décida donc de se taire, empoigna sa boisson et se leva. Il désigna alors l'extérieur de la discothèque et lança un :

- Pas ici.

Il se dirigea donc vers la sortie, sans même regarder si Hayato le suivait. Après tout, s'il avait pris la peine de le rejoindre jusqu'au comptoir alors qu'il ne pouvait pas le voir en peinture, il pourrait bien le suivre dans une petite ruelle près de la boîte de nuit. Après tout, si Hayato possédait la même logique que lui il saisirait tout de suite l'intention de Yuji. Il se doutait certainement que si le "petit chef" l'interpellait, ce n'était pas pour parler de la pluie et du beau temps.
Gagnant l'entrée, il n'adressa pas un regard aux videurs postés de chaque côté de la porte métallique et se faufila dans une ruelle non éclairée. Là, il pensa très fort à prendre l'apparence d'un adolescent aux cheveux châtains, avec quelques tâches de rousseurs sur les joues et une affreuse paire de lunettes. Il choisit tout de même des vêtements acceptables et une fois sa transformation réussie, il attendit que le nippon le rejoigne. Vu la pénombre de la rue, personne n'avait dû remarquer qu'il avait usé de son pouvoir. Et il était préférable, au cas où un de ces fameux agents aux lunettes noires rôdait au coin d'une rue, surveillant la discothèque avec avidité, que Yuji n'ait pas sa propre apparence. Autant éviter de leur donner les indices gratuitement, si on les voyait ensemble tous les deux, on ferait le rapprochement tôt ou tard si d'autres infos leurs remontaient. Question de prudence.
Finalement Hayato le rejoignit et comprit assez vite que c'était Yuji qui se cachait derrière ce binoclard. A voix basse, celui-ci se lança :

- Cet après-midi, j'étais là-bas. Et j'ai entendu dire qu'ils avaient filé une fille .... Et la description ressemblait fortement à celle d'Aoi. Ils ont dit qu'un garçon les avait rejoint. On s'est pas réunis ce soir mais quand je t'ai vu, je me suis dit que je devais te mettre au courant.

Il marqua une pause, regardant par-dessus l'épaule de son vis-à-vis pour voir si on les observait, et reprit, l'anxiété prenant le dessus sur tout le reste :

- Tu sais quelque chose, toi ?

S'il savait qu'il n'apprendrait strictement rien à Hayato ....

Alors qu'il attendait patiemment la réponse d'un air inquiet, Yuji lui fit par de son point de vue concernant le lieu. C'était certain que ce n'était pas une très bonne idée de parler de l'organisation en boite de nuit mais il fallait s'y attendre. Si Yuji voulait lui dire quelque chose, il aurait mieux fallu attendre une réunion... Mais si c'était important, il le comprenait dans un sens. Bizarre. Alors qu'il laissait supposer le fait de le suivre, Hayato le regarda partir vers l'extérieur. Comme il ne pouvait pas partir avec son verre à la main, il décida de le boire coup sec. Il se leva par la suite pour rejoindre Yuji. L'air frais de dehors contrastait assez avec la chaleur de la boite, ce qui lui donna quelques frissons. Se frottant énergiquement les bras pour se réchauffait, il chercha Yuji du regard mais le seul garçon qu'il peut apercevoir était une sorte de geek. Seuls ses lunettes lui prouvaient qu'il ressemblait bien à un geek car la noirceur du ciel ne l'aidait pas à bien voir en détail. Il s'approcha de lui, certain que Yuji s'était caché sous cette apparence. Il avait des gouts très... Étrange. Si Hayato avait eu son pouvoir, il se serait transformé en tout mais pas en geek. Question de préférence... Mais ensuite, étant donné qu'il savait que c'était pour ne pas ébruiter leur conversation, il ne fit pas de commentaire, laissant son petit chef parler.

La ruelle sombre où il était ne l'aidait pas à voir si quelqu'un pouvait arriver, surtout qu'il était dos à celle qui était éclairée. Ses pupilles avaient beau être écarté au possible, il ne distinguait que le petit bonhomme qui était le costume de Yuji. Il ne s'empêcha pas de sourire : malgré qu'il puisse se transformer à volonté, il avait toujours la même taille. Dommage pour lui. Se concentrant sur ses paroles, il comprit très vite qu'il était au courant pour le stalker qui avait poursuivit Aoi durant son shopping. Mais ce qu'il l'étonna, ce fut qu'il n'était pas au courant que le garçon qui l'avait protégé était le garçon qu'il détestait, lui-même. Continuant ses questions, il lui demanda si il était au courant de quelque chose... Autant lui dire la vérité dans ce cas là non ? Et qui sait... Peut-être qu'il le remerciera d'avoir été là pour sa soeur ! Haha 8D. Et puis, si Hayato n'aurait pas été là, il ne l'aurait plus vu Aoi donc il devait le vénérer pour son courage et sa détermination ! … Bon quand même pas mais il fallait espérer... Espoir qui ne verra surement jamais le jour mais pourquoi pas. Il remit une mèche qui se baladait devant ses yeux derrière son oreille avant de répondre, sur le même ton bas qu'avait pris le boss.

« Oui, je sais des choses car après tout c'est moi qui est sauvé Aoi de ce stalker. Si tu veux connaître l'histoire, elle était en train de faire du shopping et quand je suis rentré dans le centre commercial, il y avait un homme qui la suivait. Maintenant que tu m'en parles, ça confirme bien mes doutes... C'était bien un membre de l'organisation. On a eu du mal à le semer mais on y est arrivés. Encore une chance qu'il ne lui est rien arrivé... Cela ne l'aurait pas fait et il aurait tout deviné. »

*Encore une chance que j'étais là vu sa maladresse...* Pensa t-il. Bon, même si il restait encore des questions en suspends comme celle du pourquoi Hayato était au centre commercial alors qu'il n'aimait pas trop ça ou bien la façon dont ils s'étaient échappés, ce n'était pas très important. Ce qu'il fallait retenir de tout cela était que tout le monde allait bien.

Se retournant pour voir si quelqu'un arrivait suite à des bruits de pas qu'il avait entendu, il ne remarqua rien d'étrange... Même si le silence qui régnait depuis peu était dérangeant... De nouveau, des pas se firent entendre puis le bruit d'une branche qu'on écrase. Haha... C'était trop évident qu'il y avait quelqu'un mais en même temps, cela semblait trop... Voyant... Suspect non ?

« T'as pas entendu du bruit ? » Demanda t-il pour être certain qu'il n'avait pas rêvé.

Peut-être que Yuji avait eu raison de se transformer... Ou peut-être qu'Hayato se faisait des films ? A chaque fois qu'il parlait des affaires de l'organisation avec Yuji, il y avait souvent des gens qui apparaissait comme sortit de nul part... Alors pourquoi ce jour là serait une exception ? … Quoique cela serait impossible vu qu'il n'avait pas parlé longuement sur ce cas. Ou bien les vigiles de l'entrée étaient dans le coup avec l'organisation ? Non... C'était bizarre dans ce cas. Il espérait que c'était un chien... Même si l'action lui plaisait énormément. A bien y réfléchir, cela lui ferait très plaisir de se battre. Histoire de se changer les idées, bien sûr...

Il était certain que l'apparence qu'avait revêtu Yuji avait un physique particulièrement ingrat, entre les lunettes cul de bouteille à la Harry Potter -en deux fois pire-, les tâches de rousseur et l'allure d'otaku invétéré, le bonhomme était plutôt mal loti. Et d'ailleurs on aurait du mal à comprendre comment un apollon comme Hayato puisse ne serait-ce qu'adresser la parole à un tel binoclard boutonneux ... Ah les préjugés.
Toujours est-il que Yuji voulait à tout prix éviter les moindres soupçons. Ils pouvaient être épiés à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, alors mieux valait prévenir que guérir. Profitant pleinement de son don, il s'était donc transformé par pure précaution et Hayato semblait avoir saisi le stratagème car il n'émit aucune forme d'étonnement en voyant sa nouvelle peau. Seul un léger rictus se dessina sur son visage partiellement masqué par la pénombre de la rue.
Yuji mit ses mains dans ses poches avant de s'exprimer. Il vérifiait sans cesse si quelqu'un ne les observait pas discrètement dans une ruelle en face, mais pour le moment il n'y avait rien à signaler. Il avait donc expliqué à son camarade ce qui le tracassait depuis toute une après-midi et l'avait contraint à venir lui parler au beau milieu d'une soirée qui aurait pu être agréable. Franchement, Yuji était persuadé qu'Hayato était tout aussi peu ravi que lui de leur petite conversation improvisée.

Et Hayato parla, après avoir remis une mèche de cheveux qui lui barraient le visage. La réponse surprit grandement Yuji. Les informations se bousculèrent dans son esprit comme des gens derrière un guichet à la gare. Aoi faisait du shopping à la Tour 109, et le brun avait débarqué pour je ne sais quel raison à son tour. Là il avait remarqué la présence anodine d'un homme qui semblait filer Aoi, et il l'avait sauvée.
Hayato n'était pas rentré dans les détails quant au déroulement de l'opération. Il fallait avouer que ce n'était pas vraiment l'endroit approprié pour tenir ce genre de conversation. Il valait mieux courir à l'essentiel et divulger le moins possible d'informations qui pourraient faire le lien avec tout le reste. Yuji avait pris soin d'éviter de prononcer le mot Organisation, et Hayato avait fait preuve de la même prudence, en parlant d'un stalker banal. C'était assez fréquent à Tokyo, ces hommes un peu pervers qui, attirés par une jolie fille, s'amusaient à la suivre une journée entière. Et personne ne pouvait nier que sa petite soeur était une fille très mignonne, qui ferait tourner de l'oeil à plus d'un ! Même à Haya' ! S'il savait .. Malheureusement la prudence de Hayato avait été de courte durée puisqu'il prononça le mot qu'il avait lui-même évité un peu plus loin dans sa tirade. Mais vu le volume de sa voix, il fallait vraiment être penché sur lui pour percevoir les sons qui émanaient de sa bouche ! Un homme, aussi près qu'il soit, ne pourrait que voir deux adolescents en pleine discussion, mais au niveau auditif ce serait zéro.

Yuji resta de marbre après cette révélation. Comme le disait son congénère, une chance qu'il ne soit rien arrivé à Aoi, imaginez un peu les dégâts si ses éventuelles blessures s'étaient réparées à la vue de tous ! Quelle catastrophe cela aurait été.
Le nippon ne savait que dire. Il se rendait compte petit à petit, après avoir encaissé la nouvelle, qu'il devait une fière chandelle à son interlocuteur. Une boule de stress monta dans sa gorge. Il avait horreur d'avoir des dettes, surtout envers des personnes qu'il ne portait pas spécialement dans son coeur. Mais il fallait reconnaître qu'Hayato avait fait du bon travail, car seule, la maladresse d'Aoi l'aurait jetée dans la gueule du loup immédiatement. Les mots restèrent un moment coincés dans sa gorge, mais il finit par desserrer les dents et articuler un :

- M ... Merci de l'avoir sauvée, Hayato. Je t'en dois une belle.

Hayato se retourna assez brusquement. Yuji, alerte, scruta la rue en face d'eux par-dessus l'épaule du jeune homme, se demandant ce qu'il avait aperçu. Le silence écrasant était soudainement étrange. Après tout ils étaient juste à côté d'une discothèque, et même si la salle était bien insonorisée il y avait toujours quelques clients qui traînaient près de l'entrée, surveillés étroitement par les gorilles qui servaient de vigiles ... Non ? Mais là, rien ni personne, pas un éclat de voix. Et puis des bruits de pas résonnèrent à ses oreilles, suivie d'un craquement de branche assez sonore.
Hayato lui demanda s'il n'avait pas entendu du bruit. Il hocha la tête de haut en bas pour confirmer, et n'étant pas certain qu'il ait aperçu son mouvement de tête dans le noir, il ajouta :

- Si. Il y a quelqu'un ...

Un animal ? Peut-être n'était-ce qu'un chien errant, et qu'ils commençaient à s'angoisser pour rien. Mais avec la vie qu'ils menaient depuis quelques temps, le moindre bruit mettait tous leurs sens en alerte. Ils n'avaient pas droit à l'erreur, et le moindre faux pas mettrait des tas de gens en danger. Il eut une atroce vision d'Aoi, Kazu' et Sakura torturés par des agents de l'Organisation et il déglutit avec difficulté, sentant la sueur perler à son front. Ses hallucinations désagréables recommençaient ... Chassant ces images de son esprit, il fixa Hayato d'un air inquisiteur, attendant qu'il réagisse. Il en avait assez que Yuji fasse le petit chef ? Eh bien il n'avait qu'à prendre les rênes, pour cette fois. Parce que pour le coup, notre bonhomme était à courts d'idées et le stress avait tendance à l'handicaper.

C'est dingue de voir qu'un simple merci venant de son ennemi faisait plaisir. Hayato était ainsi remonté à bloc. Voyant bien que Yuji ne souhaitait faire aucun pas, il se décida de jouer à l'homme courageux et d'aller voir qui pouvait bien faire de tels bruits. Son petit chef se dégonflait ? A croire que oui... Il soupira avant de lancer à voix basse.

« Je vais voir... »

Faisant donc un demi-tour sur lui-même, il s'avança prudemment à l'intersection. Qui se cachait dans l'angle mort ? Un membre de l'organisation ? … Ce serait fort possible. Surtout depuis qu'il savait que ces personnes étaient capables de suivre quelqu'un rien que pour découvrir les mystères qui les entouraient ! De plus, Aoi s'était fait suivre... Pourquoi pas Hayato et Yuji aussi ? Jamais un sans trois ! Mais il n'aurait pas pensé qu'un stalker le suivrait... Quoique si. Ils étaient assez avide de savoir pour le faire. Des fous. Qu'on les enferme !

Le silence était pesant et si ce n'était pas la réalité qu'il vivait, Hayato aurait pu croire qu'il faisait un re-make d'une série policière assez glauque... Il en avait vu une comme ça, c'était un peu un film d'horreur mais les détails concordé... Or, pas de quoi avoir peur. Il était assez grand pour se débarrasser tout seul d'un monstre ou même d'un stalker. Vive sa mémoire motrice ! Un coup de pied à gauche, un coup de poing à droite et le méchant avait son compte ! O/ -Même si il y avait des exceptions... Quelques fois.-

Se rapprochant alors, il passa la tête pour savoir qui se trouvait dans le coin... Or, les actions se firent précipitées et il n'eut pas le temps de se rendre compte de la chose qu'il se reçut un coup sur le haut du crâne. Un bâton vu la dureté de la chose. Son poing rejoignit alors par automatisme le visage de la personne qui lui avait fait cela pour faire passer la douleur. Il jura... Ce qui pouvait être traduit de façon plus raffiné comme étant ceci :

« Non mais t'es malade ?! Ça fait mal crétin !! »

La surprise, ce n'était pas son fort... Surtout que le gars revenait à l'attaque même si son visage était marqué d'un magnifique coquard. Oh, joli. Il pouvait bien être placé en dixième position de son classement de coquard bien foutu.

Hayato se doutait bien du pourquoi la personne l'avait frappé... Surement la peur d'avoir été découvert. A là là... Alors que ce dernier se rapprochait soudain pour pouvoir lui donner un nouveau coup, le héros l'esquiva. Comme si il s'y attendait. A vrai dire, les films de bagarres qu'il avait vu lui servait bien pour ça. Tandis qu'il se débrouillait pour ne pas recevoir une fois de plus un coup, il sentit alors quelque chose l'attraper par derrière. Sentant un horrible parfum de sueur, le garçon se douta alors qu'un des amis du stalker lui était venu en aide. C'était certain que pour contrôler deux hommes, il n'allait pas être seul ! Ah... Logique quand tu nous tiens.

Alors qu'un bras lui enserrait le cou, il tenta en vain de se défendre. Mais il fallait avouer que le garçon derrière était assez musclé... D'ailleurs si ils continuaient de rester ainsi, Hayato allait mourir par étouffement. De plus, celui qui était devant lui venait de se faire menaçant maintenant qu'il était presque sans défense... Oui, presque... Mais encore fallait il que Yuji daigne bouger ses fesses.

« Reste pas planté comme un poteau ! Tu vois bien que j'ai besoin d'aide là ! » Fit il à son ' chef '.

Tout homme qui aurait vu cela, serait quand même venu aider la victime... A moins qu'il ne soit quelqu'un de craintif mais dans ce cas, il ne le reconnaitrait plus. >.<

Suite au bruit que les deux garçons avaient entendu, Hayato se porta "volontaire" pour aller jeter un oeil dans l'angle de la ruelle. Moi je dirais plutôt qu'il s'était dévoué à la tâche peu amène face à un Yuji qui n'avait que très peu envie de servir d'éclaireur. Non pas que c'était un trouillard, mais il n'avait pas le sang qui bouillait à chaque fois qu'un événement un peu aventurier survenait, contrairement à Hayato. Yuji n'aimait pas trop se battre et il était persuadé que les agents de l'Organisation savaient manier armes et poings. Beuh ...
Il observa donc silencieusement son camarade se jeter dans la gueule du loup, ou pas. Seule sa respiration saccadée se faisait entendre. Un mélange de curiosité et de crainte montait en lui, et il pria je ne sais combien de kamis pour que ce ne soit qu'un chien errant et que les ennuis ne commencent pas ce soir. Aoi avait été filée récemment, donc Hayato était fiché également. Cela faisait deux membres de la Résistance sur la carte des suspects ... Si on pouvait éviter que Yuji s'ajoute à la liste ... Bon, normalement tout irait bien vu qu'actuellement le concerné avait l'apparence d'un binoclard geek à souhait qui ne prenait vraiment pas soin de son style vestimentaire. Mais qui pouvait prouver que si quelqu'un les suivait, ce quelqu'un n'ait pas vu un adolescent aux cheveux bruns ébouriffés , pas bien grand, sans lunettes et bien sapé sortir de la discothèque avec Hayato, et qu'à présent c'était un espèce de rouquin affublé d'horribles lunettes qui se tenait près de lui ?

Yuji n'eut pas le temps de se torturer mentalement plus longtemps car un bruit sourd retentit à ses oreilles. Réagissant au quart de tour, il entendit ensuite un craquement sonore, comme un poing qui s'abattait durement sur la face d'un individu. Le jeune homme s'approcha en silence et prudemment, prenant soin de bien rester dans la pénombre afin de surprendre l'éventuel adversaire qu'il soupçonnait s'il devait intervenir. Mais Hayato était plutôt doué au combat, grâe à son don, sans doute n'aurait-il pas besoin d'aide.
En fait, si. Il se massait le crâne, semblant avoir pris un coup. Son adversaire avait un magnifique cocard sur l'oeil, Yuji le vit à la lumière du reverbère.
Hayato se battait avec adresse contre son agresseur, et lançait des coups de poings plutôt bien placés. Mais il ne vit pas un deuxième gorille l'attraper par derrière et faire un geste de strangulation. Yuji écarquilla les yeux, et la sueur perla à son front : il n'avait encore rien fait mais l'angoisse l'avait déjà gagné. C'est la première fois qu'il se retrouvé confronté à une bagarre.

L'avantage, c'était que ni l'un ni l'autre des deux gorilles n'avaient décelé sa présence. Il aurait au moins le privilège de la surprise. Enfin, c'était ce qu'il croyait, mais ça c'était avant que Hayato l'appelle au secours. Il avait bien mis en évidence le fait que lui non plus n'était pas seul et Yuji se jura de l'envoyer bouler à ce propos.
Que devait-il faire ? L'apparence qu'il avait revêtu ne semblait pas très amène pour se battre, le bonhomme binoclard était tout maigrichon et n'avait pas un pet' de muscle. Yuji tout de même était un peu bâti, moins qu'Hayato certes mais plus que ce tas d'os, c'était une évidence. Il était également hors de question pour lui de récupérer son apparence réelle, il y avait déjà assez de suspects comme cela pour se faire servir sur un plateau d'argent ! Restait donc à se transformer en un mec baraqué, mais adolescent, histoire que ce soit quand même crédible. Après tout, soit les deux adversaires avaient déjà remarqué le don de Yuji s'ils l'épiaient depuis la sortie de la discothèque, soit pas. Mais en tout les cas il leur avait été impossible de voir quelle tête hideuse Yuji avait revêtu vu la pénombre de la ruelle !
Il tenta alors le tout pour le tout. Il se changea en un ado avec une carrure semblable à celle d'Hayato, puis fonça.
Il retira avec vigueur le bras qui enserrait la gorge de son camarade et assena le coupable d'un coup de poing bien mérité. Et la douleur se fit sentir automatiquement. Il pourrait mettre de la glace sur son poignet en rentrant ! On voyait que Yuji n'était pas un amateur de baston.

L'un des deux adversaires était pour le moment hors-jeu, s'occupant de son nez qui saignait abondamment suite à la torgnole que lui avait offerte le jeune homme. Mais ce serait de courte durée, alors autant s'occuper du second ! Hayato était déjà sur son dos, Yuji vint lui prêter main forte. Mais finalement, maintenant qu'il était libéré, le brun n'avait pas besoin d'aide ... Yuji se concentra donc à nouveau sur l'estropié, mais trop tard. Le temps qu'il se retoune et fasse dos à Hayato, l'autre malade avait sorti un couteau de sa poche et le brandit à une vitesse fulgurante sur Yuji qui tressaillit et attrapa la main de son agresseur au dernier moment. Tout en le retenant comme il le pouvait, il cria :

" PUTAIN ! Mais il est armé celui-là ! "

Il repoussa le bras de l'autre, tenta un croche-pied, mais le rata. Il lui faudrait s'inscrire en arts martiaux bientôt ... Yuji avait glissé en tentant son attaque et s'était retrouvé à terre, menacé par l'arme blanche de son adversaire ... Il ne savait pas se battre, il allait passer un très mauvais quart d'heure ... Alors que la lame plongeait sur lui, il émit une tentative désespérée, et lui assena un violent coup de pied dans l'entrejambes .... Ce qui mit le type à terre, tordu de douleur.

" Ouah ! " fit-il étonné. " J'aurais jamais cru que ça marchait si bien ! "

Et un de moins ! Yuji se redressa et retourna auprès de Hayato. Pourquoi ces types voulaient autant leur peau ? Il avait pourtant cru comprendre que l'Organisation les voulait vivants ......

Alors que sa gorge avait enfin pu retrouver la douceur de ce qu'on appelait la liberté, Hayato avait enfin pu respirer normalement... Mais à quel prix ? Il se devait de combattre aux côtés de Yuji qui avait réussi à entrer dans un corps plus baraqué. Tant mieux, Hayato le voyait mal jouer du poing avec son apparence d'adolescence dénué de force... En même temps, il était certain que Yuji n'aurait pas été aussi bête que cela pour combattre avec un corps faible...

Pour continuer son jeu favoris, il se mit à frapper un des deux hommes mais son plaisir de le faire seul s'acheva quand Yuji commença à l'aider... Bon ok, il lui avait demandé de le faire puisqu'il ne pouvait pas mais en ce moment même, il avait les mains libres à ce qu'il sache ? Donc, il pouvait se débrouiller seul. Message qui -on ne sait comment- passa dans la tête de son 'chef' qui partit se mêler d'autre chose. Bonne chose de faite, pensa directement Hayato après avoir remit un coup à son adversaire... Si il y croyait vraiment qu'il allait le lâcher comme ça ? On ne prenait pas un Hayato sans en connaître les conséquences voyons ! Un sourire vint se caller sur ses lèvres pleines alors qu'un autre coup vint rencontrer le ventre de son ennemi … avant qu'un cri provenant de la gorge de son coéquipier vint le réveiller...

Quoi ? Une arme ? C'était une blague ?! Bande de lâche va... Un coup vint alors le sortir de ses pensées, son adversaire c'était soudain remis d'aplomb. Que la bagarre commence alors. Si il voulait l'aider un peu, il faudrait déjà que celui qui était en face de lui soit K.O... Il ne pouvait pas se battre en recevant des coups foireux par derrière voyons ! Allons bon... Il donna alors un coup histoire de l'assommer un peu mais par le plus grands des hasards, il se loupa... En même temps, si ce qu'il entendait ne le perturbait pas, il ne serait pas humain. Après tout, il n'était pas du genre à abandonner quelqu'un et il se demandait vraiment comment pouvait s'en sortir Yuji... D'après les ombres qui se reflétaient sur le sol, il n'était déjà plus debout. Mais... Où était il passé ? Il avait pris la fuite ou bien...

Sa phrase lui révéla la vérité : il était tombé par terre et venait de mettre un coup à l'homme qui était armé. D'ailleurs, heureusement que son adversaire ne l'était pas, lui... Hayato n'aurait plus répondu de lui, il n'aimait vraiment pas ce genre de technique lâche. Si ils devaient se battre, autant qu'ils le fassent dans les règles du jeu quoi ! Arg... Ce n'était pas le moment de s'énerver... Quoique... Pour extérioriser, il se concentra sur un ancien film de boxe qu'il avait vu et le coup partit automatiquement. Un K.O.. Mais l'heure n'était pas à la gloire, il fallait voir comment se débrouiller l'autre de derrière.

Ainsi, étant certain que son ennemi essayait en vain de reprendre ses esprits, étalé sur le sol, il se retourna enfin vers Yuji qui semblait quelque peu... choqué ? Il vit alors qu'il avait mit son propre adversaire au sol aussi... Aïe... Si les pensées d'Hayato se révélaient vraies, il devait avoir mal le gars... Il regarda Yuji dans les yeux avant de prendre un grande décision : « On les laisse sur le sol et on se barre avant de voir si ils ont des copains ? ». L'air sérieux jouant, il s'approcha vers le gars qu'avait mis au sol Yuji pour lui remettre un coup de pied dans le ventre, histoire qu'il reste bien par terre. Voilà qu'il semblait un peu plus cadavérique. C'était mieux pour être certain qu'il ne complotait pas derrière leur dos. Imaginez qu'il se relève avec une autre arme et qu'il plante Yuji ou même Hayato ? Cela ne l'aurait pas trop fait et puis le garçon tenait tout de même à sa vie... Ne serait ce que pour continuer d'avancer dans la vie et de secourir les heros qui en avaient besoin. Dieu qu'ils ne se doutaient de rien...

S'il avait su la tournure qu'auraient pris les événements, Yuji serait vraiment resté chez lui ce soir-là. Après tout, qui avait envie de sortir en boîte et de se faire boxer par des agents espions ayant ordre de te faire passer un sale quart d'heure ?! Pas très alléchant comme fin de soirée ! Non, vraiment, il aurait mieux fait de continuer de faire les cent pas devant la fenêtre de son appartement et se remettre à travailler ses prochains examens.
A la place, le nippon en était aux mains avec un adversaire coriace, qui n'avait pas l'air de vouloir se laisser frapper. Yuji avait revêtu une apparence un peu plus solide que la sienne, grâce à son don, et le combat était donc potentiellement équitable. Bah ouais, un bonhomme baraqué sans aucune expérience en combat contre une brindille de roseau mais qui cependant maîtrisait des techniques d'auto-défense, c'était équitable n'est-ce pas ?
Mais ce mauvais joueur avait sorti une arme blanche, et l'avait braquée sur l'adolescent qui avait pris peur. Il s'était rapidement retrouvé à terre, impuissant, malgré sa stature plus imposante que d'ordinaire. En venant au dernier recours, et digne d'une jeune fille désirant se défendre contre son agresseur, il lui avait assené un violent coup de pied dans l'entrejambe, le mettant aussitôt à terre. Bah ouais, c'était bien connu, ce genre de coup ne pardonnait pas, surtout que Yuji n'y était franchement pas allé avec le dos de la cuillère. Heureusement qu'Hayato n'avait rien vu de cela, il lui aurait très certainement ri au nez.

Finalement ce dernier semblait en avoir fini avec son propre adversaire puisqu'il s'était à présent tourné vers l'autre partie de la bataille et regardait tour à tour Yuji, à terre, haletant, et l'autre type, étalé par terre lui aussi, et gémissant de douleur après le coup fourré qu'il venait de recevoir. Hayato proposa qu'ils s'en aillent avant que le reste de la meute ne débarque, et franchement le jeune homme n'était pas du tout contre cette idée. Il avait horreur de se battre et franchement il en avait assez vu pour ce soir. Surtout qu'ils mettaient en danger Sakura, Aoi et Kazuya … Et puis ces types, s'ils étaient bien de l'Organisation comme les deux étudiants l'avaient prédit, connaissaient déjà le visage d'Hayato pour l'avoir vu accompagner sa soeur à la tour 109. Quelle galère !
Yuji se releva péniblement, épousseta rapidement ses vêtements poussiéreux, et constata qu'il n'avait pas subi trop de dommages corporels. Pour le moment, il garderait son apparence de grand gaillard et reprendrait la sienne quand ils ne se sentiraient plus suivis.

Hayato donna un coup de pied supplémentaire sur le corps du type qu'il avait lui-même assommé. Cela semblait le soulager de pouvoir se défouler sur cette masse étendue au sol, se tenant les parties intimes en pleurant presque. En d'autres cas Yuji aurait eu une once de pitié pour lui, mais il se souvint rapidement qu'il l'avait menacé avec un couteau et toute sa compassion s'envola en un clin d'oeil. Soupirant, il dit :

«  Eloignons nous le plus possible de cet endroit. Mieux, rentrons chez nous. Si on reste trop longtemps ensembles, on va avoir des ennuis. »

La prochaine fois qu'il voudrait avouer quelque chose à un membre de la Résistance, il attendrait sérieusement d'être chez lui ou chez l'un d'entre eux. Les rues de Tokyô devenaient bien trop dangereuses pour eux cinq et désormais, avec deux filatures et agressions en moins d'une semaine, ils n'avaient plus droit à l'erreur. Et ce n'était pas parce qu'on approchait de Noël que ces larbins feraient une trêve !
Le vent se levait. Il était tard, et la nuit bien sombre accentuait le côté sinistre de la scène. Prudents, avant de se séparer et de rentrer chacun de leur côté, ils s'étaient quand même éloignés des deux corps inertes au cas où la police viendrait faire une descente par ici. Roppongi était un quartier très festif, et il y avait souvent des incidents dus à des bagarres. Les deux types seraient soupçonnés de s'être battus et puis cela s'arrêterait là.
Yuji jeta un oeil à Hayato et dit :

« Je suis désolé. »

C'était la première -et sans doute la dernière- fois que les deux étudiants s'étaient entraidés au lieu de se bouffer le nez, et Yuji se souvint avec un goût amer dans la gorge qu'il était redevable à ce type car il avait sauvé sa soeur. Quelle plaie franchement, mendokusei ...