Yuji avait reçu un appel de sa mère, la veille, qui désirait qu'il passe lui rendre visite aujourd'hui. Quand il lui en avait demandé la raison, car en général il y en avait toujours une, elle ne lui avait rien dit de spécial, juste qu'elle voulait voir son fils. Il avait acquiescé et avait raccroché, faisant la moue. Il irait manger chez les Takeda le lendemain midi, vu qu'il n'avait pas cours l'après-midi. Il irait directement là-bas en sortant de Todaï. Mais ce qui ne le réjouissait pas, c'était qu'il savait que les mardis midi, Aoi ne déjeunait pas à la maison mais au lycée. Il l'imaginait déjà avec son bentô à la main, déjeunant dans une salle de classe car le temps glacial ne permettait pas qu'on mange sur la pelouse, avec ses copines. Elles parleraient de mode, de Johnny's et d'idols, pendant que lui se retrouverait nez-à-nez avec sa mère et son beau-père. Non pas qu'il ne les aime pas, mais après la longue absence de sa génitrice dans sa vie, il avait beaucoup de mal à nouer des liens, aussi infimes qu'ils soient, avec gens qu'il voyait encore comme des étrangers, uniquement les parents de sa soeur. Il ne voyait pas sa mère comme telle, et l'absence d'Aoi rendrait le repas pénible.

Le lendemain, il sortit donc de la fac et prit le premier bus le conduisant dans le quartier où résidaient les Takeda. Une fois arrivé à bon port, le jeune homme frappa à la porte. Il était venu les mains vides, n'ayant pas eu le temps de s'arrêter dans un commerce acheter une douceur. Qu'importe, il venait et c'était déjà un gros cadeau de sa part. Sa mère savait très bien qu'en général il refusait de venir quand Aoi n'était pas là, mais il se sentait d'humeur clémente aujourd'hui.
Ce fut son beau père qui lui ouvrit avec un sourire non dissimulé. Yuji le lui rendit maladroitement et entra. Après avoir ôté ses chaussures il alla dire bonjour à sa mère.
Après quelques discussions plus ou moins animées, ils s'étaient mis à table. Ils continuèrement à bavarder allègrement, enfin, Yuji était plutôt assailli de questions, ce qui le fatiguait considérablement. Il n'aimait pas subir ce genre d'interrogatoire, cela l'agaçait au plus haut point. Il mourrait d'envie de se lever et de prendre la porte, mais ce serait d'une impolitesse impardonnable. Soupirant, il se résolut donc à se laisser passer aux rayons X pendant une bonne demi-heure.

- Oh ! Yuji-kun, Aoi-chan vient de m'envoyer un mail pour me dire qu'elle avait oublié un cahier important, elle a un oral aujourd'hui et ses notes sont à l'intérieur. Peux-tu le lui porter ?

Yuji sourit. L'heure de la libération avait sonné. Non seulement ce petit détour lui permettrait d'aller rendre visite à sa soeur, mais en plus il mettrait enfin fin à ce repas plus qu'ennuyeux ! Quelle joie. Tout joyeux, il s'empara dudit cahier et lança à sa mère :

- Pas de soucis, j'y vais maintenant ! Plus tôt elle l'aura, mieux ce sera !

Il s'empressa de débarrasser son couvert, récupéra ses affaires et après avoir salué ses "parents", il quitta la maisonnée et fila.

Yuji n'avait encore jamais mis les pieds dans le lycée de sa soeur, et il se demanda alors si elle lui en voudrait de débarquer comme ça dans son petit monde à elle. D'après ce qu'il avait entendu dire elle était plutôt populaire là-bas et déjà que Yuji était sur son dos pendant les réunions de la Résistance et lors de leurs sorties, s'il venait marcher sur ses propres plates-bandes, là où son frère ne faisait ni foi ni loi, il ne savait pas si elle apprécierait le geste.
Soupirant, il regarda une nouvelle fois la feuille que lui avait donné sa mère. Etaient marqués le nom de sa classe et son emploi du temps du mardi. A cette heure-ci, elle n'allait donc pas tarder à finir son cours de sport. Il se fit indiquer le gymnase et s'y rendit aussitôt.
Il pénétra à l'intérieur et se faufila sur les bancs des gradins. Il devait se dérouler des matches interclasses et interlycées ici, c'était drôlement bien équipé.
Il l'aperçut au loin, elle était en train de disputer un entraînement de Basket. Ce qui lui rappela ses prorpres cours de sport lorsqu'il était à sa place. Sa petite taille lui permettait de se faufiler entre les joueuses et lui donnait quelques avantages, bien qu'elle ait plus de difficultés à atteindre le panier.
Il sourit, il se demandait s'il était autorisé à être ici, n'étant pas de l'établissement. Bah, peu importe.
Le prof siffla la fin du cours. Yuji se leva, et s'approcha de l'endroit où se tenait sa soeur, prêt à l'intercepter avant son entrée dans les vestiaires ...

7h30.C'était l'heure à laquelle se réveillait Aoi en semaine de cours..Oui, elle se levait du pied gauche, et non, elle n'avait pas honte de faire ressentir à tout le monde sa mauvaise humeur..Elle avait toujours été comme ça, et l'idée d'aller s'embêter en cours ne lui remontait guère le moral.
La jeune fille se leva , et elle alla ouvrir ses volets. Brrr, quel froid épouvantable ! Elle referma légèrement la fenêtre, histoire d'aérer la pièce, puis elle saisie son uniforme de lycéenne, qu'elle avait pris soin de cuztomiser.
En effet, la jupe était beaucoup plus courte, puis par ce temps, en hiver, elle portait une chemise avec un pull bleu marine, de la même couleur que sa jupe. Elle portait également les habituelles chaussettes hautes qui arrivaient en dessous des genoux, puis des chaussures vernis noires.
Elle alla dans la salle de bain, et se prépara pendant 1 quart d'heure, avant de ressortir. L'avantage d'un uniforme, c'était qu'elle restait mignonne, tout en ne se prenant pas la tête ! Malgré tout, cela n'effaçait pas les inégalités entre les élèves..On savait tous qu'un certain Fujigawa Hiruno était le fils d'un célèbre avocat, et on savait tous que Uzami Maria était déshéritée car elle traînait un peu trop souvent dans la rue, si vous voyez ce que je veux dire !
Ah , Aoi n'avait pas intérêt à faire des bêtises, si elle ne voulait pas se voir affichée sur tous les tableaux de classe du lycée..Elle savait comment commençait, et comment finissait les persécutions. Par chance, avec son caractère bien trempé, elle ne s'était jamais faîte embêter à l'école..
Bref ! Elle pris son sac et elle descendit dans la cuisine, avant de prendre un bon bol de riz, préparé par sa môman, et elle pris des trucs sucrés, pour une fois ! Heureusement elle adorait ça.
Ni une , ni deux, son petit déjeuner fût pris et elle s'en alla à l'école..Elle prenait à 9 heures, il lui fallait le temps de prendre son train ( avec de vieux pervers à l'intérieur ), puis de se rendre à son lycée et à sa salle de classe.
A 9h moins le quart, elle arriva dans sa classe et alla rejointe ses amies..
Tout cela se poursuivit par le cours de mathématique, puis à 11 heures, c'était l'heure du sport ! Cela tombait bien..Même si Aoi était du genre feignante, elle ne rechignait jamais à mettre la pâté à ses coéquipières, d'autant plus si c'était du basketball.

Vers 10h50 , toutes les filles étaient réunies dans les vestiaires, et Aoi entendit une conversation


« Tu sais, l'exposé..Je n'ai pas eu le temps de le terminer hier, j'espère que le prof me laisseras un délais.. » gémît une fille de sa classe.

Attendez ? Exposé ? Feuilles..Feuilles..Cahier...CAHIER ?!

«  OH PUT---MON CAHIER ! » S'était une Aoi paniquée, devant tout le monde.

Toutes ses camarades se retournèrent vers elle, effrayées par son cri .

«  Ah , non mais ca fait rien hein..C'est pas intéressant.. » dit-elle en grimaçant et en faisant pleins de gestes à l'aide de ses mains.

Elle se retourna vers son casier, et s'excita après ses affaires avant de retrouver son téléphone portable..Si elle n'avait pas se cahier, elle se retrouverait dans un sacré pétrin ! Son prof était intransigeant, mais Aoi aimait quand même faire bonne impression auprès de ses profs, qui sait ce qu'ils pourraient lui apporter ? Elle saisie son téléphone et envoya directement un mail à sa chère maman.

Au secours ! J'ai pas pensé à mon cahier qui est sur mon bureau..Et j'ai mon exposé aujourd'hui !! HELP HELP HELP !

Ça , pour du message, c'était du message !
Bon, elle oublia un peu cette histoire de cahier pendant le cours de sport, et elle se donna à fond , pour faire baver ses coéquipières..Ça faisait vraiment du bien, de se défouler après certaines personnes qu'on n'aimait pas , hein ?
Aoi était vraiment agile avec son ballon, puis sa petite taille lui permettait de passer un peu partout, et en plus elle était rapide...Quelques fois, elle regrettait de ne pas avoir assez de volonté pour courir régulièrement..En fait , elle trouvait sa chiant, toujours courir, courir, avec de la musique, voir des gens, et dire bonjour toutes les cinq minutes..

Le cours de sport se finit à 13 heures, et elle espérait bien avoir des nouvelles de sa mère, parce que là , elle serait vraiment grillée !
Heureusement, quand elle entra dans le couloir qui menait à ses vestiaires, elle reconnu une silhouette. Yuji ! Avec un truuuuuuc dans la main ! AHHH ! Il allait la sauver !

Elle poussa toutes les filles qui s'amusaient à faire les groupies, puis elle fonça vers son frère avant de lui prendre le cahier des mains .

«  Oh mon dieu ! J'ai cru que j'allais pas l'avoir à temps ! »

Elle serra son cahier contre elle...C'était une scène vraiment très comique à voir !

«  Ah pardon, je t'avais pas vu », dit-elle à son frère avec un graaaand sourire «  Tu sais que je t'aime, onii-chan ?! »

En attendant que sa soeur ait fini son cours, Yuji avait rapidement feuilleté le fameux cahier qu'il avait été chargé d'apporter tout en jetant régulièrement de brefs coups d'oeil au terrain pour observer le jeu d'Aoi. Son travail était propre et complet, elle avait l'air d'y avoir mis du temps. Yuji n'avait jamais été le frère qui aidait sa petite soeur dans ses devoirs, ne vivant pas sous le même toit cela avait toujours été difficile. Oh il était déjà arrivé à Aoi de téléphoner à son frère afin de lui demander conseil mais sans plus, il n'avait jamais passé des heures à l'aider sur un devoir. Il fallait avouer qu'avant que les histoires de la Résistance et de l'Organisation ne commencent, le jeune homme menait sa vie d'adolescent comme tout le monde : lorsqu'il était lycéen, il alternait devoirs et sorties, ses parents étant assez laxistes avec lui. Il fallait dire qu'on laissait plus de libertés à un jeune homme qu'à une jeune fille du même âge, car on avait toujours peur que les filles se fassent agresser, violer ... Et c'était normal. Même si ce n'était pas exclu qu'un homme subisse le même sort, c'était tout de même moins probable.
Après avoir refermé le cahier qu'il avait juste parcouru du regard -il ne l'avait tout de même pas lu, cela ne le regardait pas, il reporta à nouveau sur le match de basket qui semblait toucher à sa fin. Il fixa son regard sur Aoi qui se faufilait agilement entre les autres joueuses, chapardait le ballon et piquait un sprint jusqu'au panier .... Il n'avait pas manqué le fait qu'elle envoie le ballon à une coéquipière qui marquait pour elle. Sans doute à cause de sa petite taille, mais au moins le travail d'équipe était bel et bien présent, ce qui était de plus en plus rare en sport où chacun devenait rapidement individualiste, voulant montrer qu'il était le meilleur.

La fin du match retentit au coup de sifflet du professeur. Yuji se leva au même moment, tenant le cahier du bout des doigts. Ne se préoccupant pas de si un visiteur pouvait pénétrer comme ça, en claquant des doigts, dans l'enceinte du gymnase, il se dirigea vers les vestiaires sans oser y entrer, se postant à l'entrée, et attendit qu'Aoi l'aperçoive. Cela ne tarda pas d'ailleurs, elle fonça sur lui avec un sourire soulagé et lui arracha littéralement le cahier des mains sous son regard surpris. Aoi, agressive ? Naaaan ! Elle exprima sa joie de l'avoir récupéré dans les bons délais, et se rendit enfin compte de la présence de son frère qui attendait une parole à son attention, bouche ouverte, tel une carpe. Alors elle lui lança qu'elle ne l'avait pas vu et lui fit part de tout son amour fraternel. Evidemment, Aoi adorait toujours son frère quand il lui rendait service ! Normal non ?

- C'était la prunelle de tes yeux ce truc ou quoi ? lança-t-il en plaisantant.

Il grimaça en voyant qu'un groupe de filles se rapprochait d'eux. Des cris d'hystérie, d'autres un peu plus retenus, se faisaient entendre depuis que Yuji s'était pointé au milieu de toutes ces filles. Derrière le groupe, une tête masculine dépassait. L'enseignant sans doute ! Il fusilla Yuji du regard, puisqu'il semblait bel et bien être la cause de tout ce remue ménage. Yuji lui rendit un regard de défi l'air de dire " eh ben t'es jaloux de pas avoir mon succès ? " mais ces filles ne lui inspiraient pas grande confiance, et il était tout sauf une star de cinéma. Ni une ni deux, il attrapa le bras d'Aoi, et se laissa glisser le long du mur pour échapper auxdites groupies.
Ils s'éloignèrent des vestiaires, et se retrouvèrent de nouveau près des gradins du terrain de basket. Yuji toisa sa cadette dont les vêtements de sports collaient à sa peau sous l'effet de la sueur. Ses mèches brunes étaient également plaquées contre son visage pâle. Au moins elle se dépensait réellement en cours !

- Dis-moi, tu as cours tout de suite ?

Il lui aurait proposé d'aller faire un tour, mais il se souvint la raison pour laquelle était venu, c'est à dire lui ramener son cahier pour son exposé qui était le jour même. Donc même si elle avait du temps de libre, elle l'utiliserait sans doute à travailler ... Il pouvait toujours se joindre à elle et ses copines pour être leur spectateur et testeur ! Du genre leur dire si elles articulaient bien, si elles mettaient trop de temps etc ... Le topo de base quoi !

- Si tu n'as pas cours et que tu prends du temps pour bosser, je peux venir superviser, tu sais, dire ce qui va et ne va pas pour optimiser votre note ! dit-il dans un grand sourire, préférant largement passer un moment avec sa soeur que seul dans son appart.

Franchement, Aoi, vouloir être la meilleure ? Naaaaan, c'était mal la connaître ! Certes, elle adorait se faire mousser, comme tout le monde ! Un petit compliment de temps en temps ne lui faisait pas de mal..D'ailleurs c'était un peu chiant, pour les gens qui l'entouraient, elle se vantait bien trop , quelques fois ! Après tout...On avait le droit de se vanter quand on avait une famille parfaite, des amis parfaits, de bonnes notes, un petit air mignon, et des supers pouvoirs ! Héhéhé !
Non, il fallait le dire, Aoi n'était pas bonne dans tous les sports, elle n'aimait pas courir et adorait faire la grosse feignasse, mais elle aimait montrer aux autres que sa petite taille n'était pas proportionnelle à son intelligence..Certes, elle avait un look vestimentaire plutôt «électrique », elle avait l'air vraiment mignonne..Et qui disait fille mignonne, disait «  pas de cerveau » ...Tout le contraire d'elle, quoi !

Là , elle serrait fort son cahier contre elle...Heureusement, son frère avait été là pour la sauver d'un zéro, chose qui l'aurait bien achevée pendant au moins deux jours ! Elle était vraiment frustrée quand elle n'avait pas la note qu'elle voulait, un petit 14 lui suffisait amplement, mais pour cet exposé sur le SIDA , elle visait au moins le 16 ! Cela faisait au moins trois semaines qu'elle faisait des recherches, tout en flemmardant...Après tout c'était un sujet tabou au Japon, et elle espérait marquer les esprits, les gens étaient trop peu informés !

- C'était la prunelle de tes yeux ce truc ou quoi ? lança-t-il en plaisantant.

- MAIS OUI ! S'écria t-elle – Tu ne te rends pas compte ! Ça , ca compte pour rentrer à l'université mon grand !

Voir son cahier dans ses mains lui procurait une impression de soulagement.

- Ouf, heureusement que tu étais là , j'ai carrément flipper pour cet exposé ! J'y ai mis du mien en plus, j'aurais été vraiment dégoutée..

Ahlala, le langage des jeunes !

Elle vît Yuji regarder derrière elle..Ohoh ! Le prof arrivait, afin d'ouvrir les vestiaires..Bon , le vol n'était pas très courant au Japon, mais tout de même ! Il fermait les vestiaires par peur des vols, et d'autres dégâts..Ahlala, la paranoïa des profs !
Yuji attrapa le bras d'Aoi d'un seul coup afin d'échapper à la « foule de groupies en furie », puis ils s'arrêtèrent dans un coin, vers les gradins du gymnase. Des fois, Aoi ne pouvait pas supporter sa classe..Si ca avait été Hayato, elle aurait compris, il était grand, fort, beau..Séduisant...Mais Yuji ? Yuji c'était son frère, et elle ne comprenait pas vraiment ce que ses camarades pouvaient lui trouver, il était petit après tout, grognon, et toujours enfermé dans son appart..Pas très glamour tout ça !

- Dis-moi, tu as cours tout de suite ?

- Ah là ? Non, je vais manger, j'ai cours depuis 11 heures, et là , je viens de courir, de transpirer , et de me dépenser..En bref : j'ai hyper-faim !

Elle vît le regard de Yuji, qui en avait prévu long..OMG ! Non, non non non ! Elle n'aimait pas du tout le regard, vous voyez, ce regard que prennent les grands frères, quand ils veulent envahir votre vie, alors que vous ne le souhaitez pas ? Et ben, c'était ce regard là , et Aoi anticipait déjà la question du genre «  Tu veux que je t'aide pour tes devoirs ? » « Ah , tu veux que je te fasse réchauffer ton bentô en salle de science ? »..Majide ?


- Si tu n'as pas cours et que tu prends du temps pour bosser, je peux venir superviser, tu sais, dire ce qui va et ne va pas pour optimiser votre note ! dit-il dans un grand sourire, préférant largement passer un moment avec sa sœur que seul dans son appart.

Aoi fît un rire du genre « Ah-ah-ah ». Majide.


- Passer du temps avec moi, c'est OK ! Mais superviser mon exposé ? Non merci ! Yuji, t'es mon frère, pas mon prof, en plus je ne suis pas timide, alors tout ira bien, okay ? J'ai tout préparé à la maison ! Je fais cet exposé seule, et c'est mieux comme ça...J'aimerais pas que ma « camarade » fasse tout capoter !

Elle regarda derrière elle, toutes ses camarades étaient déjà entrées dans les vestiaires.

- Bon, je vais prendre une douche, et on se rejoint après, devant le gymnase ?

Lorsque Yuji plaisanta avec l'importance du carnet de sa soeur, cette dernière lui rétorqua d'un ton cinglant comme elle savait le faire pour remettre quelqu'un en place qu'après tout cela comptait pour l'université, il ne put rien répondre de plus puisque de toute évidence, elle avait raison. Puis elle lui fit comprendre qu'il l'avait sauvée. Elle semblait manifestement avoir passé beaucoup de son temps personnel sur cet exposé, et ce projet avait tout l'air de lui tenir à coeur. Il se contenta donc de lui adresser un sourire jovial avant de lui ébouriffer ses cheveux trempés de sueur et déjà emmêlés dans tous les sens. Il faillit ajouter "si tu pouvais être aussi appliquée pour ta discrétion", mais il se garda bien d'ouvrir la bouche. Il avait décidé de ne pas parler de l'incident seul avec Aoi et plutôt d'attendre la prochaine réunion du groupe. Après tout à en croire les propos d'Hayato, ils avaient réussi à semer leur poursuivant et Aoi devait être déjà assez bouleversée comme ça, inutile d'en rajouter davantage. Elle avait parfois le droit à un certain répit, et cette histoire de Héros faisait tourner la tête à plus d'un en ce moment. Lui aussi aurait aimé appuyer sur le bouton pause, mais il ne s'en donnait pas le droit. Des vies étaient en jeu.

Il lui demanda alors, évitant d'amener le sujet à l'incident d'Aoi, si elle avait cours ou non actuellement. Elle lui expliqua sur un ton pressé et quelque peu essoufflé qu'elle allait surtout aller se restaurer, parce qu'après tout elle était en cours depuis onze heures, et que son ventre commençait à réclamer son dû. Avant même qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, il ne put que remarquer le regard suspicieux que lui lança sa cadette. Elle se rendait toujours compte quand Yuji avait une idée derrière la tête et cette fois ci n'échappa pas à la règle. Finalement, vu qu'elle ne s'exprimait pas et se contentait de le fixer de travers, il lui proposa de l'aider pour son exposé. Et elle l'envoya balader aussi sec. Aoi aimait passer du temps avec son frère mais elle ne semblait vraiment pas apprécier l'idée qu'il mette le nez dans ses affaires, même dans son travail. Vous savez, si cette scène s'était produite dans un manga, la vignette représentant Aoi réprimandant Yuji serait assez comique, du genre elle avec une tête énervée et lui qui se faisait transpercer par la flèche pointue de la bulle. Vous voyez le genre ? Bref.

" Wakateru, wakateru ! Je ne m'immiscerai pas dans tes devoirs. "

Mais il ne s'avoua pas vaincu, puisqu'elle lui avait dit qu'il n'y avait aucun problème pour passer d[color=brown] elle. Or, aujourd'hui Yuji n'avait rien de spécial à faire, et il avait envie de se changer les idées. Sans faire ses propres devoirs de préférence. Et il lui fallait oublier de ce pas cet affreux déjeuner qu'il venait de passer en compagnie de sa mère et de son beau père. Ah, les repas de "famille", ça le traumatisait vraiment.
Aoi lui annonça alors qu'elle allait prendre une douche et qu'ils n'avaient qu'à se rejoindre devant l'entrée du gymnase. Il acquiesça et la regarda filer avec son cahier divin à la main. Il tourna les talons, et se mit à marcher, mais il sentit une main sur son épaule :

" Hep, vous, vous n'êtes pas du lycée n'est-ce pas ? "

Yuji fit volte-face; il se demandait pourquoi son futur interlocuteur lui posait la question, après tout il ne portait même pas d'uniforme, donc la réponse était du genre évidente. C'était le prof qui l'avait fusillé du regard un peu plus tôt, quand la foule de filles s'était agglutinée autour de lui. Il enfonça ses mains dans les poches de son jean et dit, désinvolte :


" Je ne crois pas non. "

Puis il esquissa un mouvement pour reprendre son bout de chemin jusqu'à l'entrée du gymnase mais l'enseignant ne parut pas être de cet avis. Soupirant, il lui lança un regard qui signifiait quelque chose du genre "quoi encore ?".


" Et donc que faites-vous ici ? Vous avez dérangé mes élèves, c'est la pagaille dans les vestiaires, on ne parle que de vous ! Et pourquoi étiez-vous en tête à tête avec Miss Takeda ? "

Yuji s'offensa en silence. Il était en train de le prendre pour un pervers ou quoi, là ? Il ravala ses paroles de vipères qui équivalaient à un "ça vous fait tant chier que ça que je sois populaire auprès des filles ?!", lui adressa un sourire un peu insolent avant de répondre calmement :

" Ecoutez, que les choses soient claires, je me suis présenté à l'accueil comme étant le frère d'Aoi-chan, et que je venais lui apporter son cahier de cours pour lui éviter des soucis avec son prof. Sur son emploi du temps il était écrit qu'elle était en sport, et donc j'ai demandé le lieu. Et me voilà, et là, si ça ne vous embête pas, j'aimerais sortir pour l'attendre."

L'enseignant se sentant sans doute bête de l'avoir jugé un peu vite se renfrogna, lui adressa un "du balai" entre ses dents et tourna les talons. Yuji, satisfait d'avoir remis cet espèce de paon à sa place, gagna l'entrée du gymnase. Là il s'adossa contre le mur, et alluma son mp3 pour patienter.

Non mais...Se mêler de ses études, ca n'allait pas bien là dedans ! Il ferait mieux de s'occuper de ses propres révisions, au lieu de celles de Aoi ! En plus elle était quasiment sûre d'avoir une bonne note...Les sourires et les questions à la fin du cours, c'était plutôt pratique pour se faire bien voir...Mais il ne fallait pas en abuser, hein ?


" Wakateru, wakateru ! Je ne m'immiscerai pas dans tes devoirs. "

«  Et bien encore, encore heureux , petit ! » dit-elle avant de partir vers les vestiaires, tout en lui faisant un signe de la main.

Une bonne petite douche ne serait pas de refus ! Mais avant ça...Elle savait que dès qu'elle poserait les pieds dans les vestiaires, elle serait la victime d'un interrogatoire d'enfer...Elle ne connaissait que trop bien ses camarades. Ah , qu'est ce que ca pouvait être chiant ~

Elle souffla un bon coup avant d'ouvrir la porte des vestiaires, le plus discrètement possible. Juste deux ou trois filles étaient en train de discuter..Avec un peu de chance, elle pourrait devenir invisible..Ah si elle s'appelait Usami Sakura, elle aurait pu faire sauter les plombs des vestiaires, afin de se faufiler dans la douche en toute sécurité..Elle en avait de la suite dans les idées !

Bref, elle se faufila jusqu'à son casier, mais deux ou trois filles sortirent des douches, et virent Aoi , qui avait la tête enfoncée dans son casier, remplit de vêtements, de maquillage, et d'autres trucs inutiles de filles.
Une fille tapa sur l'épaule de Aoi , et celle-ci recula.

- Hé, Aoi...C'était qui le garçon qui t'attendais devant les vestiaires ?

«  Ah ça..C'était mon... »

-Ah je le savais ! C'est ton petit-ami ?

Aoi monta en température. Reste calme, ma petite..

«  Ah beurk ! Non, c'était mon frère ! »

- Ah , il est mignon ~ Ne ? Demanda cette même fille à ses copines, qui acquiescèrent immédiatement.

Aoi soupira et reporta son attention sur ce qui se trouvait dans son casier, afin de saisir une serviette de toilette, et un gel douche. Elle n'avait pas l'intention de perdre son temps ici, avec des groupies qui flashaient sur son frère. Elle détestait ça, car elle ne comprenait pas du tout pourquoi ses filles flashaient autant sur Yuji, soyons clairs, il n'avait aucun sex-appeal ! Enfin ça, c'était parce que c'était son frère, toutes les sœurs avaient la même réaction non ?
Deuxièmement, elle n'aimait pas du tout qu'on observe autant sa famille, et surtout, qu'on touche à son frère ! Elle y tenait quand même hein ! C'était différent pour Sakura, parce qu'elle n'était pas sortit avec lui parce qu'il avait un corps d'athlète, et puis, même, elle n'avait pas le comportement d'une adolescente débile !
Aoi ferma son casier et se retourna vivement.

« Ne comptez pas sur moi pour vous parler de lui ! Et faîtes sur croix sur lui, il a déjà quelqu'un ! »

Quel beau mensonge, Aoi ! Attention à ne pas t'enfoncer plus ! Bon, d'un côté, il était vrai que la relation entre lui et Sakura était toujours ambiguë, et d'ailleurs, elle n'arrivait pas à arracher les vers du nez à l'un, ni à l'autre. Allez Aoi , met toi un peu en mode « choupesque » !
Bref, elle alla dans une cabine de douche, et pris une douche rapide, environ 10 minutes, avant de ressortir et de s'habiller. La moitié des filles étaient déjà sorti pour prendre leurs déjeuners.
La jeune fille renfila son uniforme, puis se mit un coup de brosse dans les cheveux avant de tout ranger dans son casier..Qui lui , ne l'était pas, « rangé » ! Pourquoi y avait autant de photos d'idols là dedans ? En plus y avait des messages écris au rouge à lèvre sur son miroir...Ahlala..Il fallait vraiment qu'elle fasse le ménage, là dedans !

Elle enfila son gros manteau noir, et son écharpe, avant de sortir des vestiaires, et de rejoindre son frère devant le gymnase.
La jeune nippone s'approcha de lui avec un grand sourire.

«  Tadaaiiiiiiima ! » S'écria t-elle avant de lui taper sur l'épaule «  Oops, pardon ! Bon, alors, on va manger où ? J'ai trop la dalle ~ Ah...Mais t'a déjà mangé non ? T'étais pas chez papa et maman ? » Après une seconde de réflexion «  Ah ben si , j'suis bête ! Si t'avais ma pochette, c'est que t'es passé à la maison.. »

Elle remis son écharpe.

«  Bouarf , ce froid de canard...Ah , t'a pas trop été importuné par mes « camarades », que j'ai envoyé boulet méchamment ? »

Lorsqu'Aoi refit surface et se planta devant lui, Yuji était en train d'écouter un opening de l'anime de Death Note. Il n'était pas un grand amateur de visual kei, ni spécialement de Nightmare, mais il fallait avouer que ce morceau était entraînant et qu'il était difficile d'y résister. Lançant un sourire à sa soeur tout en retirant ses écouteurs de ses oreilles, il éteignit l'appareil et le fourra dans sa poche. Il retira son pied droit du mur sur lequel il était appuyé, mais garda ses mains dans ses poches. Elle lui adressa un Tadaima sonore en lui tapant l'épaule, ce qui déclencha chez lui une légère grimace. Puis elle partir dans une longue tirade et Yuji se demanda avec intérêt à quel moment elle avait repris sa respiration. Elle avait déballé tellement de choses qu'il n'avait pas tout saisi, mais il était certain d'avoir entendu "manger", "papa et maman" et "pochette". Alors, d'un ton désinvolte, comme à son habitude, il répondit :

" Ouais, j'ai mangé chez Mariko et Hiroto. Et ta mère m'a demandé de t'apporter ce cahier quand elle a reçu ton message ... Mais je t'accompagne quand même, je prendrai à boire. "

Il avait toujours du mal à voir sa mère comme telle. Il l'appelait donc par son prénom, comme son beau-père, et quand il s'adressait à Aoi il ne disait pas "ma" mère, mais "ta". Il ne parvenait pas à faire autrement. La jeune fille avait fini par s'y habituer puisqu'elle avait cessé de lui demander pourquoi il agissait ainsi. Après, il ne savait pas si ça la dérangeait ou non, mais il ne pouvait pas être totalement parfait, même pour sa petite Aoi-chan. De toute façon, il était bien loin de la perfection, avec son caractère de cochon !
Puis il repensa à la manière dont le prof de gym de sa soeur l'avait importuné, il espérait que s'il accompagnait tranquillement la lycéenne à la cafétéria, il n'aurait pas droit à rediffusion de cette scène désagréable. Bon, Yuji était extrêmement satisfait d'avoir rabattu le caquet de ce prétentieux enseignant, mais il n'allait pas s'en vanter pendant huit jours, et puis si le personnel du réfectoire était composé de femmes, il se montrerait plus courtois sans doute. Moins "mâle".
Aoi fit remarquer le froid alentour, ce que confirma le nippon par un hochement de tête positif, puis elle lui demanda s'il n'avait pas été importuné par les jeunes filles en fleur qui s'étaient jetées sur lui comme des furies un peu plus tôt. Elle avait accentué le mot "camarade", si bien que Yuji comprit bien vite qu'elle ne portait pas spécialement les filles de sa classe dans son coeur. Il sourit en coin, et lança :

" Oh, tes copines ne m'ont pas dérangées, mais j'ai eu droit au sermon de ton prof. Il m'a pris pour un pervers ! "

Il émit un léger rire en disant ceci, les préjugés allaient tellement vite dans les yeux des gens que c'en était sincèrement risible. Non pas qu'il y ait une tête particulière pour être qualifié de pervers, mais quand même Yuji avait plus une tête de gamin qu'autre chose. Ceci étant dit, il ajouta, pour lui renvoyer la pareille :

" Et toi, elles t'ont demandé mon numéro ? " dit-il amusé.

Non pas qu'il comptait récupérer les coordonnées de toutes ces lycéennes en chaleur, il les trouvaient un peu hystériques, mais bon la discussion était à la plaisanterie, alors autant continuer sur la bonne voie.
Finalement ils se mirent en route, Yuji suivant d'un pas tranquille Aoi car il ne connaissait pas du tout les lieux. Il fallait avouer que ce lycée était attrayant, elle devait s'y sentir bien. Lui-même avait également eu de la chance quant à son établissement scolaire, et il avait fait de bonnes rencontres, mais il avait perdu de vue nombre d'entre elles, hormis Kazu'. Ah, le temps du lycée ... L'époque où il ne connaissait rien de l'Organisation et tout ce qui s'ensuivait ... Franchement il aurait bien échangé son rôle sur l'échiquier avec n'importe qui d'autre ! Quelle plaie que d'avoir l'impression que la vie de tant de gens étaient entre ses mains ... Bon y avait les quatre autres du groupe, mais Yuji avait le vilain défaut de vouloir tout assumer. c'est une des choses qu'Hayato ne supportait pas, Yuji le savait mais il avait du mal à confier ses responsabilités à d'autres. Déjà que pour lui, impliquer sa soeur dans ce chaos le dérangeait, il y mettait son meilleur ami et son ex, et un mec à qui il n'aurait sans doute jamais parlé si cette histoire était restée un mythe.

" Sinon, ça va à la maison ? " lança-t-il pour relancer la conversation qui s'était éteinte.

La jeune lycéenne vît Yuji faire une grimace...Oh allez ! Elle ne tapait pas si fort que ça quand même ! Elle était haute comme trois pommes...Mais attention, ca pouvait devenir méchant et rusé ces bêtes là !

«  Oh allez, j'ai pas tapé fort...T'a vu mes bras ? Ils sont aussi gros que tes poignets... » rétorqua t-elle face à la grimace de son grand-frère. «  Chochotte ! »

Aujourd'hui, elle était en mode « emmerdeuse » , et ce qui était drôle, c'est que son frère avait beaucoup de patience avec elle, alors d'un côté , elle pouvait faire ce qu'elle voulait..Mais quand il s'énervait, il ne valait mieux pas qu'elle traîne dans le coin, sinon, elle boufferait le sol...Oh oui, elle s'était déjà ramassé un coussin dans la tronche maintes et maintes fois , à cause de Yuji. Il était méchant. C'était de famille, ce trait de caractère ?
Bref , il répondit vite à la question qu'elle venait de lui poser, celle concernant le fait qu'il soit passé chez les parents de Aoi avant de venir au lycée.


" Ouais, j'ai mangé chez Mariko et Hiroto. Et ta mère m'a demandé de t'apporter ce cahier quand elle a reçu ton message ... Mais je t'accompagne quand même, je prendrai à boire. "

«  Oh , d'accord.. »

Aoi avait abandonné, depuis quelques années. Elle ne comprenait pas du tout pourquoi Yuji appelait sa mère par son prénom...Certes, elle l'avait « abandonné » , en quelque sorte, mais..C'était toujours sa mère ! Aoi évitait souvent de dire ce qu'elle pensait, dès qu'il concernait Yuji, et leur mère...Après tout, c'était vraiment lourd, cette atmosphère...Aoi aurait bien voulu vivre avec une famille chaleureuse, qui s'entendait à merveille, mais Yuji avait toujours du mal à tenir une conversation agréable avec sa génitrice.
Ahlala, qu'est ce qu'il était compliqué ce garçon ! D'un autre côté, Aoi n'avait pas souvent discuté avec le père de Yuji, elle le voyait rarement, et cela se comprenait...Comment un homme pouvait-il voir l'enfant de son ex-femme, sans se rappeler de mauvais souvenirs ?

La discussion entre eux se poursuivit, Aoi exprima son « amitié » envers ses camarades de classe..Les voir réagir comme des groupies devant Yuji, c'était vraiment irritant. Aoi ne supportait pas cela !

" Oh, tes copines ne m'ont pas dérangées, mais j'ai eu droit au sermon de ton prof. Il m'a pris pour un pervers ! "

« Oh mon dieu ! C'est pas vrai ? Quand même, t'a pas 50 ans, ca se voit...Lui , en revanche, c'en est un beau , pervers ! »

Elle n'avait jamais eu affaire à lui, mais plusieurs filles du lycée s'étaient plaintes de l'attitude du prof vis à vis d'elle..Les regards déplacés et les insinuations étaient plutôt fréquentes..De toute façon, ce prof n'avait pas intérêt à ce frotter à Aoi, elle savait parfaitement se défendre..Et puis, elle avait tellement de culot que ca ne la dérangerait sûrement pas d'aller porter plainte...Ou même de le dire à Yuji , tien !

" Et toi, elles t'ont demandé mon numéro ? " dit-il amusé.

«  Ah ~ » dit-elle, avec un air dégouté «  Heureusement qu'elles n'ont rien demandé de ce genre, de toute façon, je leur ai dit que je ne parlerais pas de toi, c'était très clair...Elles étaient dégoutées mais on s'en fou ! »

Elle fît une pause.


«  Enfin moi je m'en fou...Mais je n'accepterais pas que tu sorte avec une groupie comme ça, même si ca te plaît! Moi , après, ben je ne te connaitrais plus ! Je te renierais ! »

Oulala, ayé ! Aoi faisait son petit cinéma...Franchement, il fallait qu'elle passe des casting..On sait jamais, qu'elle se retrouve dans un drama avec des Johnny's .

Ils entamèrent leur ballade, afin d'aller à la cafétéria..Le ventre de Aoi commençait à réclamer son due bruyamment...Quelle classe !

" Sinon, ça va à la maison ? " lança-t-il pour relancer la conversation qui s'était éteinte.

«  Oh...Ça va ...Mais … Je sais pas, en ce moment c'est bizarre...J'ai l'impression que quelqu'un me suit...Je me sens épiée.. »

Non, elle n'avait pas tapé fort, mais elle avait juste touché un endroit où se trouvait un gros hématome qu'il s'était récolté lors de la petite bagarre nocturne avec Hayato. Donc forcément, cela ne faisait pas de bien de recevoir un coup là-dessus. Mais il n'en dit rien à Aoi, inutile de l'inquiéter, il fallait bien qu'il se montre robuste des fois, non ? Après tout c'était un homme et il agissait peu souvent comme tel.

" C'toi la chochotte ! " railla-t-il avec un sourire pour masquer sa douleur.

Mais Aoi avait bien raison sur un point : elle était toute fine, presque maigrichonne, et Yuji se demandait comment pouvait-elle avoir autant de punch avec cette faible constitution. Sa soeur, c'était une warrior, elle dépassait l'entendement. Et puis c'était une pile électrique, elle ne s'arrêtait jamais. Sa meilleure arme était son regard larmoyant, qu'elle faisait à chaque fois qu'elle désirait quelque chose, et en général cela marchait très bien sur Yuji qui avait beaucoup de mal à résister au jolis minois de sa cadette. Elle était vraiment très douée pour amadouer les gens, et il s'était toujours étonné qu'elle ne se soit jamais inscrite dans un club de Théâtre au lycée.

Ils se mirent donc en route pour la cafétéria du lycée, et Yuji en profita pour admirer les lieux. Le silence ne dura pas bien longtemps puisqu'Aoi lui demanda si ses camarades de classe qui n'en étaient pas vraiment, au vu du ton glacial qu'elle avait employé pour les décrire, ne l'avaient pas importuné. Il lui raconta dans un sourire amusé qu'il avait plutôt eu affaire à son enseignant qui l'avait pris pour un pervers. Sa soeur s'offusqua, et lui avoua que lui en tout cas en était vraiment un. Elle faisait référence à l'âge ... Yuji pensait qu'il n'y avait pas d'âge pour être un vicieux personnage, mais c'était vrai que cela revenait surtout chez les quadragénaires. Mais elle disait que lui en était un ... Yuji n'avait pas manqué le regard envieux que posait le prof sur les élèves du sexe féminin, ni le regard jaloux qu'il avait adressé au jeune homme quand celui-ci avait attiré les foules. Il soupira bruyamment ...

" Pauvre type, il était pitoyable ... "

Puis pour lui renvoyer la question, il lui avait demandé si les fille de sa classe lui avaient demandé son numéro. Aoi s'emporta, lui dit qu'elle ne leur avait rien dit et que de toute façon elle ne dirait rien. Mais apparemment les filles des vestiaires avaient fait quelques tentatives auprès de sa soeur. Il rit, amusé.
Ce qui le fit encore plus rire c'est quand elle parla de le renier si jamais il sortait avec une fille dans ce genre. Yuji pouffa bruyamment et finit même par se tenir les côtes.

" Non mais ... Tu m'as bien regardé ? Moi sortir avec une gamine pareille ? Très peu pour moi ! "

Yuji préférait les filles de son âge ou plus mûres à la limite. Ouais bon, Sakura avait été une exception, elle était plus jeune que lui mais cette fille était mature et agréable malgré son côté râleur et il n'avait même pas ressenti la différence d'âge à ses côtés. Il se demandait si Sakura avait parlé de leur rencontre à Aoi.
Et puis l'ambiance légère s'alourdit soudainement quand la jeune fille annonça qu'elle se sentait suivit. Le poids dans le ventre de Yuji revint à la charge, lui qui avait réussi à chasser ses pensées noires, et il déglutit. Que devait-il dire ? Devait-il lui dire qu'il était au courant ? Elle se confiait à lui, il pouvait se le permettre ...
Ils pénétrèrent dans la cafétéria et se mirent dans la file d'attente. Eh bien, ils auraient le temps de papoter vu le monde qui s'aggutinait au self !

" J'ai ... J'ai parlé à Hayato. "

Il espérait qu'avec cette simple phrase sa soeur comprendrait qu'il voulait lui faire comprendre qu'il savait déjà tout.

" C'toi la chochotte ! " railla-t-il avec un sourire pour masquer sa douleur.

Aoi , en entendant cette petite phrase, exprima un rictus, suivit d'une moue trop mignonne dont elle avait le secret !
Une fille ? Chochotte ? La blague ! Une fille était beaucoup plus méchante qu'un garçon, et ce, en toute circonstance. Bon certes, elle n'arriverait jamais au niveau de Hayato, mais Aoi pourrait facilement arriver au niveau d'endurance de Yuji. Il n'était pas très fort aux arts martiaux...Mais si Aoi ne se battait pas avec les poings, elle avait d'autres armes secrètes, genre, le tirage de cheveux, la baffe, ou alors le coup de pied entre les jambes, qui faisait son petit effet.
Ne disait-on pas que les filles étaient de vraies pestes, dès que ca les prenait ? Les garçons, eux, se tapaient dessus une bonne fois pour toutes, et oubliaient les histoires, mais les filles aimaient tout faire traîner, et parler derrière le dos de l'autre...Tout était tellement facile !

En y repensant bien, Aoi ne s'était jamais battue à l'école. Elle avait déjà eu envie, comme tout le monde..Mais bon, sa réflexion lui permettait vite de passer l'éponge sur ce genre de gamineries. Elle avait tout l'air d'une gamine, physiquement, c'était vrai...Mais dans la Résistance, ils étaient tous plus ou moins âgés, et il avait fallut qu'elle grandisse..Elle était mature, d'un côté...Elle restait réfléchi, et anticipait tout ce qu'elle voulait entreprendre.

Les deux jeunes gens marchaient tranquillement dans une allée qui menait au réfectoire, le vent sifflait bruyamment, et le froid congelait les oreilles et le bout du nez de la jeune femme. Ah , vivement qu'elle rentre au chaud ! Et vivement Noël, aussi ...Avec qui allait-elle le passer , d'ailleurs ? Sa famille ? Ses amis ? Non, plutôt sa famille...Et elle espérait que Yuji soit de la partie, ce qui était très incertain.

La conversation s'enchaîna sur le prof de sport, qui avait de sales habitudes.


" Pauvre type, il était pitoyable ... "

«  Et oui, mais que veux-tu...Je suis obligée de me le traîner jusqu'à la fin de l'année scolaire...Heureusement qu'elle se finit en Mars , j'en ai plus pour très longtemps ! » Dit-elle , avec un grand sourire.

Cependant, elle ne savait toujours pas quoi faire après le lycée. Aller en fac, oui, mais dans quelle filière ? En art ? En littérature ? Pourquoi pas en anglais ? Elle était plutôt douée dans cette matière, et il lui arrivait de regarder des films en VO..Chose qu'elle aimait faire. Le film était beaucoup plus crédible qu'avec les doublages qui faussaient tout le sens de la phrase.

Bref, la conversation dériva sur les camarades de classe de Aoi.


" Non mais ... Tu m'as bien regardé ? Moi sortir avec une gamine pareille ? Très peu pour moi ! "

« Ah , merci » dit-elle en voyant son frère qui riait à en s'en tenir les côtes «  Il n'y a rien de drôle..Tu m'as fait peur, l'espace d'un instant. » Elle fît une pause et fît un grand sourire «  T'a quelqu'un en ce moment ? »

Oui oui, elle n'était pas timide pour ce genre de choses. Si son frère ne voulait pas lui dire, il était libre de le faire. Elle lui posait souvent la question, mais quand c'était Yuji qui lui demandait, elle aimait bien faire planer le mystère.

Yuji lui posa une question très sérieuse ensuite : comment était l'ambiance à la maison . Aoi avait répondu que tout allait bien, mais que malgré ça, elle ne se sentait pas en sécurité, elle se sentait épiée, et suivit..Elle détestait ça. Elle avait l'impression de ne pas avoir le contrôle sur sa vie.

" J'ai ... J'ai parlé à Hayato. "

Aoi fût choquée et regarda Yuji dans les yeux, alors qu'ils étaient tous les deux en train de faire la queue pour entrer dans la cafétéria.

«  Tu plaisantes ? Quand ça ? Où ça ? Vous ne vous supportez pas ! Comment a-t-il pu te dire quelque chose sans que vous vous "tapiez" dessus ? »

Une autre inquiétude naquît dans son esprit, il lui avait parlé certes, mais de quoi lui avait t-il parlé ? Seulement de la course poursuite, ou alors de ce qui s'était passé avant qu'Hayato s'en aille ? 

« Que t'a-t-il dit , exactement ? »

Le froid était vraiment impitoyable. Même si la température n'était pas trop basse et n'étais pas encore passé en-dessous de zéro, il était clair que le vent y était pour beaucoup dans ce refroidissement. En effet les bourrasques rendaient l'air glacial, et il leur fouettait le visage, si bien que dix écharpes autour du cou n'auraient pas suffi à protéger du froid. Il aurait fallu une combinaison de ski avec une cagoule et ... Bon on va s'arrêter là, parce que l'accoutrement serait fortement ridicule. Un peu comme Fatal Bazooka, mais ça les Japonais ne connaissaient pas.
Aoi lui avoua qu'elle devait se coltiner son prof de sport jusqu'à la fin de l'année, ce qui était vraiment déplorable. Franchement, si les directeurs d'école avaient un peu de jugeote, ils ne mettraient pas un quadra douteux en guise de prof de sport pour un groupe de filles uniquement ! Si encore il y avait des garçons, mais non ! Bien sûr lui n'aurait pas craché pour avoir eu une belle enseignante aux formes avantageuses à l'époque où le sport faisait encore partie de ses matières obligatoires, mais que voulez-vous il n'avait eu droit qu'à un papy approchant la retraite qui leur donnait des ordres impitoyables depuis son petit fauteuil. Ah, le lycée ...

" D'ailleurs, tu comptes tenter Todaï l'année prochaine ? Je pourrai te passer les sujets des concours pour te donner un aperçu. "

En espérant qu'Aoi n'interprète pas cette attention comme une nouvelle tentative de s'immiscer dans ses devoirs. Ils continuèrent de marcher tout en discutant allègrement. Ils parlaient à présent des filles de la classe de sa soeur et Aoi estima qu'il n'y avait rien de drôle à ce qu'elle avait dit. Soit, Yuji avait le rire facile ces derniers temps, ça le faisait décompresser. Et puis soudain elle lui demanda s'il avait quelqu'un dans sa vie en ce moment. Il ne s'attendait pas à cette question. Yuji savait sa cadette d'une franchise indescriptible, mais là elle dépassait l'entendement ! Quelle intrusion dans son intimité, non mais !

" Pas que je sache ", lâcha-t-il tout simplement, agacé d'avoir à répondre à ce genre de question.

Et puis il la sentait venir, la petite. Elle allait au moins lui annoncer un plan, sans doute avec Sakura ! Aoi avait toujours adoré la jeune fille, que ce soit à l'époque où ils étaient ensembles ou maintenant. Et en plus elles étaient dans la même classe ... Tiens ? Il ne l'avait pas vue pourtant au cours de sport ! Elle n'aurait sans doute pas fait partie des groupies qui s'étaient jetées sur lui, sans doute était elle resté à l'écart et avait filé dans les vestiaires quand il avait lui-même entraîné Aoi loin de ce lieu.

Et puis lorsqu'il annonça qu'il avait discuté avec Hayato, la réaction d'Aoi fut évident : elle afficha une mine choquée, et se mit à parler très vite en posant plein de questions, comme elle avait l'habitude de faire lorsqu'elle ne maîtrisait plus une situation. Quand lui avait-il parlé, où ? Comment avaient-ils pu converser sans se mettre sur la figure ? Que lui avait-il dit ? Punaise, trop de questions à la fois, elle avait pas idée comme elle perturbait le pauvre cerveau de Yuji !

" Eh bien- " dit-il en avançant dans la fille d'attente. " J'ai d'abord entendu aux labos qu'une fille avait été suivie, la description m'a fait penser à toi. Je voulais en parler à tout le monde en même temps, mais y a deux soirs je suis sorti en boîte m'aérer et j'ai vu Hayato. Je lui en ai donc parlé. "

Yuji n'avait aucune envie de lui parler maintenant de l'agression qui avait suivi. C'était encore trop frais dans sa tête, et puis ce n'était vraiment pas l'endroit approprié. Son hématome, celui sur lequel Aoi avait tapé, le lancinait encore un peu, mais la douleur s'estompait rapidement. Il espérait donc qu'elle se contente de ces explications pour le moment.

Ah , les études. Sujet qu'elle n'aurait pas dû aborder , son frère étant présent. Il avait la fâcheuse habitude de se mêler de ses études, et de lui donner pleins de conseils..Bon, ca, c'était plutôt gentil, mais des fois, il en faisait un peu beaucoup trop ! Et c'était gonflant...Surtout que , voilà, les sciences, ca ne la bottait pas du tout ! Non, Aoi était plutôt du genre littéraire, elle aimait lire, regarder des films, et des documentaires, elle adorait aussi la musique...Franchement, apprendre des formules toute la journée, il n'y avait rien de plus chiant et de plus compliqué ! Dès le début du lycée, elle s'était résolue à laisser tomber les maths , elle n'avait jamais aimé, mais elle bossait juste pour avoir des notes correctes dans ses matières...Autant elle prenait plaisir à écouter les cours de littérature, autant elle détestait les cours de maths dans lesquels elle passait son temps à surfer sur le net avec son téléphone.


" D'ailleurs, tu comptes tenter Todaï l'année prochaine ? Je pourrai te passer les sujets des concours pour te donner un aperçu. "

« Oh , Todai ca me branche bien...Ça ouvre plein de portes, on peut rencontrer des beaux garçons, et en plus, il y a Ha-- »

Et merde ! Elle allait se vendre en parlant de Hayato, comment est-ce qu'elle pouvait rattraper ça ?

«  Itai tai ! » S'écria t-elle , en faisant semblant de s'être cassé un ongle . « Ah ca fait mal ! »

Elle regarda Yuji, pour observer sa réaction. Ohlala...Qu'est ce qu'elle avait à tout le temps parler d'Hayato ? Il n'était pas LA personne la plus importante de sa vie non plus...Ah, elle avait vraiment le comportement d'une adolescente amoureuse...Ça craignait !

Quand à Yuji , lui, il lui avait répondu très sèchement quand elle lui avait demandé s'il fréquentait quelqu'un ...Oh allez, il n'y avait pas de quoi s'énerver, vraiment !


" Pas que je sache ", lâcha-t-il tout simplement, agacé d'avoir à répondre à ce genre de question.

«  Oh , faut pas désespérer ! Mets des chaussures à talon, et arrête de rester enfermé dans ta chambre..Moi, tu vois, je connais pleins de monde parce que je sors... » lança t-elle, en rigolant.

Euh , allez, une deuxième bourde ! Allait-il deviner qu'elle parlait des boîtes de nuit ? Certes elle avait fait connaissance avec quelques personnes , mais ces gens étaient loin d'être des amis.En plus, elle venait de le chambrer à cause de sa petite taille..Elle allait en prendre pour son grade !

Justement , la conversation dériva sur un sujet beaucoup plus sérieux. Ce que les membres de la Résistance avaient vécus. Le piège se resserrait progressivement autour d'eux, et c'était vraiment inquiétant..Aucun n'avait le droit de faire un faux pas, sinon ils se retrouveraient dans une belle merde. Aoi devenait paranoïaque, elle regardait sans arrêt, se retournait sans arrêt, elle faisait attention à ce qu'elle racontait quand elle parlait au téléphone...Et elle veillait à ce qu'aucun membre ne parle ouvertement des problèmes.

" Eh bien- " dit-il en avançant dans la fille d'attente. " J'ai d'abord entendu aux labos qu'une fille avait été suivie, la description m'a fait penser à toi. Je voulais en parler à tout le monde en même temps, mais y a deux soirs je suis sorti en boîte m'aérer et j'ai vu Hayato. Je lui en ai donc parlé. "


« Cette fille, c'était bien moi...Je suis tombé dans un piège..J'ignore comment, mais ils savaient parfaitement où je me rendais, ils doivent me pister sans arrêt...Je commence vraiment à flipper..Et le pire dans tout ça, c'est que je n'ai pas peur que pour moi ! Pour toi aussi, papa et maman, Hayato, Kazu, et Sakura...Ça me fait peur. Si jamais je tombe vraiment dans un piège, comment je vais m'en sortir ? Je suis dégourdie comme un manche à balais, j'arrive pas à me battre... »

Bon, Aoi semblait motivée pour passer les concours d'entrée de l'université de Todaï, où Yuji étudiait actuellement. Lui-même étudiait les Sciences, mais il avait cru comprendre que sa cadette n'appréciait guère tout ce qui touchait aux chiffres et aux opérations mathématiques. Lui, ça l'amusait, mais il fallait avouer que parfois il s'endormait en cours. Heureusement il se mettait au fond de la classe quand il sentait qu'il allait finir sa nuit pendant le cours parce qu'il avait passé sa soirée à veiller auprès de ses "collègues" dans les labos sombres de l'Organisation. Yuji n'aimait vraiment pas passer ses soirées et nuits là-bas mais il était bien obligé de ne pas faillir à son devoir. Sécher quelques cours de la fac passait encore, mais s'il venait à s'absenter anormalement à son autre travail, cela deviendrait vite suspect. On ferait sans doute le lien avec les événements de l'autre soir à Roppongi et il serait fichu! Ils n'auraient plus d'informations à propos de l'avancée des recherches et n'auraient plus cette longueur d'avance qui leur permettait de mieux rester sur leurs gardes.
Et elle avait parlé de beaux garçons et d'un prénom qui commençait par "ha". Et soudainement le prénom d'Hayato lui vint en tête. Il était à Todaï après tout ! Yuji, parano ? Sans blague ! Tss ... Se permettrait-il de poser une question qui ne le regardait pas ? Non, et puis si sa soeur confirmait ses doutes il allait entrer dans une colère noire. Ce crétin, toucher Aoi ? C'était tout simplement hors de question ! Il préférait garder une potentielle bonne image de lui qui l'avait sauvée des griffes de l'Organisation. S'il savait ...
Quelle diversion digne de ce nom ! Elle avait fait semblant de se casser son ongle. Ce qu'Aoi ne savait pas, c'était que Yuji voyait souvent clair dans son jeu, mais qu'il abdiquait presque à chaque fois parce qu'il avait beaucoup de mal à résister à la bouille choupi de sa soeur. Ah, le rôle de grand frère était si difficile !

N'empêche que quand elle lui demanda comme si elle annonçait la météo du jour s'il avait une copine en ce moment, il regretta amèrement de ne pas lui avoir demandé des comptes à propos d'Hayato. Car parano un jour, parano toujours, désormais Yuji était persuadé qu'elle avait voulu parler de lui un peu plus tôt. Hem ...
D'ailleurs la pique que lui lança Aoi ne lui plut pas du tout : non seulement elle le traitait implicitement d'ermite, mais en plus elle critiquait sa taille en lui parlant de mettre des talons ! Et puis quoi encore, ce n'était pas une fille le Yuji après tout !

" Sale peste ", vociféra-t-il, piqué au vif.

Une chose qu'il fallait savoir était que Yuji supportait très mal qu'on le critique sur sa petite taille. Un mètre soixante dix eh ouais (mais que devrait dire Mikio ?! XD), Hayato se faisait un malin plaisir de lui rappeler qu'il mesurait dix centimètres de plus que lui. Et Aoi se fichait de cela, elle adorait tant taquiner son aîné ! Mais c'était une des choses que même à sa soeur, il ne pardonnait pas facilement.

" Du chocolat ... Tu m'achèteras une tablette de chocolat noir pour te faire pardonner ! "

Ouais, en tant que personne difficile et surtout en tant que garçon Yuji ne raffolait guère du sucré, et le chocolat noir était bien le seul qu'il avalait. Tous ces dérivés aux amandes, au chocolat blanc, aux noisettes, très peu pour lui. Beeeh ! (il est fou O.O)
Une chance pour Aoi tout de même que Yuji ait été tellement vexé par sa pique qu'il n'avait même pas remarqué qu'elle avait parlé de sortir ! Pfiou ...

Et puis la conversation dériva sur la filature d'Aoi, quelques jours plus tôt. Cela avait grandement inquiété Yuji et l'inquiétait encore. Franchement, ce soir-là, il aurait mieux fait de rester à son comptoir avec son Coca plutôt que de s'entêter à aller parler à Hayato, croyant se soulager ! Ou mieux encore, il aurait dû rester chez lui à faire les cent pas. On aurait évité l'agression, et les soupçons sur les deux garçons.
Et Aoi montra qu'elle était paniquée. Elle confirma que c'était bien elle, elle lui dit qu'elle avait peur pour elle, pour les membres de la Résistance, pour lui, pour sa famille ... Elle redoutait surtout de se faire capturer la première car elle ne savait pas se défendre. Il repensa lui-même à sa piteuse démonstration de l'autre soir pour aider Hayato. D'une, il s'était défendu comme une fille, de deux il avait failli se faire lacérer à coups de couteaux. Pas très glorieux n'est-ce pas ? Il fallait vraiment qu'il prenne des leçons d'auto-défense. Mais Aoi ne pouvait pas, si quelqu'un avait le malheur de voir ses blessures disparaître comme par magie.

" Il suffit d'être prudents, d'accord ? " la rassura-t-il.

Mais lui-même ne l'était pas. Ni prudent, ni rassuré, alors comment la réconforter elle si lui n'était pas mieux ? Quelle prise de tête.
Ils arrivèrent enfin au niveau de la femme qui s'occupait du self et Yuji s'effaça pour laisser Aoi commander. Puis, redoutant qu'on ne le réprimande pour ne rien commander, il demanda une limonade Ramune. C'était bien un des rares trucs sucrés qu'il pouvait avaler, tellement c'était bon. Et ils allèrent s'installer à une table, dans un angle de la salle.

Aoi venait de lancer une petite réplique cinglante à son grand-frère, chose qu'il n'appréciait guère. En effet, la jeune fille lui avait conseillé de sortir de son appart pour faire connaissance avec des gens, et lui avait aussi conseillé de grandir..et de se muscler un peu ! Oh , ça, il pouvait le faire, il n'y avait aucun doute là dessus, et d'après ses camarades, il était plutôt bien foutu. Aoi ne voulait pas entendre parler de ça.
Bon, grandir, maintenant, c'était peine perdu, il ne gagnerait plus un seul centimètre.

" Sale peste ", vociféra-t-il, piqué au vif.


« Oh , tout de suite ! » répliqua t-elle «  C'est pas de ma faute , la vérité sort de la bouche des enfants.. »

Bon okay, elle n'était pas un enfant, mais elle n'étais pas non plus hypocrite, mais quand elle balançait de petites piques à son frère, ce n'était jamais méchamment...Elle l'aimait, quand même, c'était son protecteur, quoi !
Heureusement qu'il y avait beaucoup de monde autour d'eux, de cette façon, Yuji ne pourrait pas user de la force contre elle. Il ne pouvait pas la poursuivre dans la maison avec une louche, ou un coussin pour essayer de l'étouffer...Tant mieux pour elle !

" Du chocolat ... Tu m'achèteras une tablette de chocolat noir pour te faire pardonner ! "

Aoi se tourna vers lui, l'air absente. En fait, elle pensait tellement à son estomac qu'elle n'avait pas entendu clairement son frère. Vivement la bouffe ! Une bonne odeur se dégageait par la porte..mais elle était souvent trompeuse, et Aoi le savait. Elle espérait bien qu'il n'y ai pas de carottes au déjeuner..Et oui, c'était un fait, elle n'aimait pas énormément les légumes...Ou alors elle les aimait, mais avec beaucoup de sauce..Mais elle préférait le sucré, les bonbons, les gâteaux, tout ça !

«  Ah du chocolat ? Désolé mon vieux, j'ai plus un rond..J'ai dépensé tout mon argent de poche, donc... » elle fît un grand sourire, alors qu'auparavant elle affichait un visage neutre «  Donc , et ben..Tu peux faire une croix dessus ! Ou au pire, tu demande à ton cheeeeer pôpa ! »

Aoi fît quelque pas, afin de suivre la queue. Ah ~Des tas de questions se bousculaient dans sa tête, quand à tout ce qui se passait en ce moment.
Maintenant, elle vivrait comme une parano, dès qu'elle arriverait dans sa chambre, elle fermerait les volets, ou les rideaux, elle ferait attention à tout ce qu'elle pourrait dire ou faire, elle vérifierait tous les coins de sa chambre...Ben oui, si elle était sur écoute, on sait jamais !

Elle se croyait vraiment dans un film d'action ! Mais elle s'inquiétait énormément. Elle était peureuse oui, quand elle se retrouvait dans ce genre de situation..Elle avait aussi peur pour ses parents, ils pourraient se faire attaquer, et elle aussi, d'ailleurs !

" Il suffit d'être prudents, d'accord ? " la rassura-t-il.

« Oui mais...C'est vraiment difficile...Tu sais bien, je ne suis pas douée! » dit-elle en souriant , puis elle repris un air sérieux «  Mais..Yuji...On devrait trouver un mot de passer...Un code..Je ne sais pas moi ! C'est seulement pour ne pas attirer l'attention..Ils pourraient tous vous retrouver.. »

Mais ils l'avaient peut-être déjà fait. Yuji avait mentionner cette soirée où il avait discuter avec Hayato de ce qui s'était passé avec la jeune fille. Cette même nuit ils auraient pu être espionnés ou suivis sans même en être conscients.

« Yuji, ce soir là ...Enfin, le soir où tu as discuter avec Hayato..Vous ne vous êtes pas sentis suivis, ou épiés ? Enfin, je veux dire...Tu le savais que j'ai eu un problème avec Hayato..Alors tu as fait attention ? »

Oui, elle était inquiète. Tous les membres de la Résistance couraient vraiment un danger. Ce n'était pas comme dans un film, là, mais c'était la vie réelle.

Aoi soupira et elle entra dans la cafète, avant de saisir un plateau et des couverts. Elle se retourna vers son frère .

«  Dis, tu peux aller nous réserver une table ? Promis, je me dépêche ! »

Yuji ne releva même pas la réplique de sa soeur à propos du petit surnom qu'il s'était permis de lui donner, l'espace d'un instant. Pour le coup, elle l'avait bien mérité, ce quolibet, parce que oui, c'était une peste, une vraie de vraie. Mais elle avait dix-sept ans, elle était dans une période où elle cherchait à tout maîtriser, lui-même était passé par là et d'ailleurs chez lui ça avait duré sacrément longtemps. Mais là n'était pas le sujet de discussion. Elle ajouta, qui plus est pour attiser sa colère passagère due à cette grave insulte que de critiquer sa taille, qu'elle n'avait pas assez d'argent pour lui offrir ne serait-ce qu'une tablette de chocolat. Bon sang mais elle le foutait où son argent de poche ?! Une tablette de chocolat ça coûtait rien ! Ok, il savait qu'elle achetait à manger à son chat, mais pour ça sa mère donnait et il le savait. Alors où ? Ah ... Ces foutus magazines de Johnny's, Yuji n'avait jamais compris ce qu'on pouvait trouver à ce genre de mecs qui se trémoussaient sur scène avec de drôles de déguisements (j'ai du mal à critiquer T-T).

" Punaise mais pour être aussi fauchée t'achète combien de magazines de Johnny's par jour ?! "

Mais la suite de la conversation devint rapidement plus sérieuse. L'allusion à la filature d'Aoi avait été faite, puis ses angoisses avaient été mises sur le tapis, et pour finir elle se sentait tellement mal à l'aise désormais que la boule dans la gorge de Yuji était revenue, encore plus étouffante. La soirée à Roppongi lui revenait de plein fouet à la figure, chaque détail venait lui brûler l'esprit. Et ses hématomes le lançaient, comme une blessure marquée au fer rouge. L'étau se resserrait chaque jour et il était persuadé désormais qu' Aoi et Hayato étaient sur la liste des suspects, et peut-être lui, mais ça il n'en avait aucune certitude. Il ne pouvait deviner si les espions l'avaient vu se transformer ou non. Si c'était le cas, c'était la fin. Ils commenceraient à fouiller les effectifs de l'Organisation et il serait fichu. Franchement, c'était risible. Se faire avoir si vite ... Ils n'avaient pas mesuré les conséquences, pas senti que les personnes à leurs trousses étaient des professionnels ... Ils croyaient que continuer leur petit bout de vie d'étudiant tout en pistant plus ou moins les autres Héros étaient amplement suffisants, mais les agents eux, passaient leurs journées et leurs nuits à passer Tokyo au peigne fin.

" Un mot de passe ... Pas bête. C'est vrai qu'on a beau faire attention à ce qu'on dit, c'est tellement facile de lâcher une info sans s'en rendre compte. Merci Aoi, on en parlera aux autres. "

Il fit une pause. Il pensa soudainement à un truc. Aoi était très branchée multimédia, beaucoup plus que lui en tout cas. Et il était certain qu'elle utilisait les logiciels de discussion, entre l'ami Facebook et MSN .. C'était peut-être une mauvaise idée de croire que c'était encore non surveillé.

" Par contre, sans vouloir t'interdire d'aller sur le Net, je te déconseille de parler ouvertement de tout ça sur MSN, même si c'est à Sakura. Maintenant que tu as été suivie, tu as été sans doute cataloguée et la maison sera bientôt sur écoute, et les réseaux surveillés. "

Et puis Aoi relança le sujet sur la rencontre d'Hayato et lui. Il déglutit difficilement, il ne voulait pas en parler. Mais avant qu'il ne dise quelque chose, elle lui demanda s'il pouvait leur garder des places d'un air suppliant. Il sourit maladroitement et acquiesça, avant d'aller en quête d'une place de libre. Il trouva assez vite une table un peu en retrait des autres, pour deux. Il s'installa, posa son blouson sur le dossier de la chaise et patienta en attendant que sa soeur revienne. Il en profita pour chercher ses mots : même s'il ne désirait pas remettre cette soirée sur le tapis, Aoi avait le droit de savoir, c'étaient des choses que de toutes les manières, il devrait dire également à Sakura et Kazuya. Elle arriva bientôt avec son plateau et il eut l'impression de n'avoir eu que dix secondes pour réfléchir.
Elle s'assit face à lui, installa son plateau à sa guise et le fixa alors d'un air inquisiteur, l'air de dire "tu me dois une explication".

" On ... On a été attaqués. On avait pris beaucoup de précautions avec Hayato, j'étais même en mode geek si tu vois ce que je veux dire", dit-il en essayant de ne pas mentionner son don mot pour mot. " Et puis on a entendu du bruit et ils nous sont tombés dessus. Ils étaient deux. J'ai failli y passer, l'un était armé. "

Aoi allait être toute retournée après cette révélation, et Yuji doutait franchement qu'elle touche à un seul truc de son repas après ça. Et comme lui-même avait déjà mangé et avait de toute façon l'appétit coupé, il ne servirait pas de poubelle pour les restes.

Aoi guettait la réaction de son frère à ce qu'elle venait de lui dire : elle n'avait plus un centime pour lui acheter une tablette de chocolat noir ~ Et oui , c'était ça, la vie ! Elle avait fait beaucoup trop de shopping ce mois-ci, et jusqu'à la dernière miette, et encore, elle avait essayé de faire du charme à ses parents pour qu'ils lui rallongent encore un peu ses étrennes...Et elle n'avait rien pû obtenir. Ah , ils connaissaient ses petites stratégies. Si le coup de la mignonne petite Aoi ne marchait plus, il fallait qu'elle trouve autre chose, le plus vite possible...Ses bonnes notes par exemple ?

" Punaise mais pour être aussi fauchée t'achète combien de magazines de Johnny's par jour ?! "

Aoi fût choquée de ce qu'il venait de dire.

«  Alors, monsieur Kawahara, sachez que je n'ai acheté que deux magazines de Johnny's ce mois-ci, et que le reste est passé dans des vêtements, parce qu'il fait froid, et que je n'avais pas envie de me retrouver à oualpé dehors ! » Elle se tût et regarda son frère avec un grand sourire  « Autre chose ? »

Alors que la conversation dérivait peu à peu sur les Johnny's, Aoi eu une idée brillante . Enfin, elle la trouvait brillante. Ce n'était peut-être pas l'avis de Yuji, mais au moins, elle aurait tenté sa chance, et puis, elle n'était pas bête ! Autant bien dépenser son intelligence.

" Un mot de passe ... Pas bête. C'est vrai qu'on a beau faire attention à ce qu'on dit, c'est tellement facile de lâcher une info sans s'en rendre compte. Merci Aoi, on en parlera aux autres. "

«Ah , le « Merci Aoi », je m'en rappellerais encore longtemps, crois-moi ! Je vais même m'en vanter auprès des autres, parce que..Et oui, je suis la plus jeune , et la moins expérimentée! » dit-elle ironiquement.

Ce genre de préjugé, elle les détestait. Et puis, quelques fois elle avait la désagréable impression d'être inutile dans la Résistance. Oui, vous savez, le stéréotype de la nunuche naîve qui râle tout le temps, la petite lycéenne que tout le monde doit défendre. Non, très peu pour elle. Déjà, l'autorité maladive de son grand-frère l'étouffait quelque peu. Elle voulait se rendre utile, et ne pas devenir la blonde écervelée stéréotypée.

" Par contre, sans vouloir t'interdire d'aller sur le Net, je te déconseille de parler ouvertement de tout ça sur MSN, même si c'est à Sakura. Maintenant que tu as été suivie, tu as été sans doute cataloguée et la maison sera bientôt sur écoute, et les réseaux surveillés. "

Ohoh. Aoi rigola jaune pendant 2 secondes. C'était trop tard, quelques jours avant, elle avait déjà parlé à Sakura , très brièvement, de ce qui s'était passé à la Tour 109, lorsqu'elle avait été rejointe par Hayato. Oh merde. Vraiment, quelle cruche , il aurait fallut penser à ça plutôt..Mais elle vivait tellement dans l'inquiétude que ce confier un peu lui faisait du bien, surtout quand c'était Sakura qui pouvait lui arranger un tout petit coup.


« C'est...Trop tard je crois ? » elle fît une pause et regarda son frère dans les yeux avec un air désolé «  Je suis désolée...Je n'y ai pas pensé, il fallait que je raconte quelque chose à Sakura, parce que je n'avais plus de crédit...Et...Et voilà...Je lui ai dit ce qui s'était passé avec Hayato...Quelle idiote »

Oh oui, ca elle pouvait le dire. Et encore, maintenant qu'elle le savait elle allait être deux fois plus vigilante. Dès qu'elle rentrerait chez elle, elle désinstallerait MSN , et elle fouillerait sa chambre de fond en comble.
Bref, quelques secondes plus tard, son frère était installé à une table, seul. Et c'était mieux ainsi. Il avait beaucoup de chose à lui dire à en juger son expression. Aoi fût servie, et elle rejoignit son frère, tout en posant son plateau sur la table, puis elle s'assit.

" On ... On a été attaqués. On avait pris beaucoup de précautions avec Hayato, j'étais même en mode geek si tu vois ce que je veux dire", dit-il en essayant de ne pas mentionner son don mot pour mot. " Et puis on a entendu du bruit et ils nous sont tombés dessus. Ils étaient deux. J'ai failli y passer, l'un était armé. "

Aoi déglutit difficilement. L'appétit qu'elle avait eu un peu plus tôt venait de s'envoler. Et là , ce n'était pas une petite déprime..Non, la peur lui nouait carrément l'estomac.


«  Hayato, il va bien ? » Demanda t-elle, les yeux miroitants .

Oui , elle avait peur, et pas que pour elle. Elle n'avait pas pris la peine de poser la question à son frère parce qu'il était sain et sauf, il était là , devant elle..Et là elle réalisa : que deviendrait-elle sans les membres de la Résistance ?

Comme à chaque fois que l'on " attaquait " la jeune fille sur sa fierté, elle monta sur ses grands chevaux, et pour appuyer le fait qu'elle s'était sentie touchée par la boutade de Yuji à propos des magazines de Johnny's, elle se sentit obligée de l'appeler par son nom de famille. Il avait une sainte horreur de cette manie qu'elle avait uniquement quand elle s'irritait. C'était franchement désagréable de se faire appeler par son nom par sa propre soeur, même si c'était pour plaisanter. Qu'importe, elle lui annonça fièrement en croyant lui en avoir bouché un coin qu'elle n'avait acheté que deux magazines et que le reste s'était dilapidé en fringues d'hiver. Il se retint de rire, il n'y avait qu'Aoi qui avait besoin de dix pulls, vingt hauts, six jeans et le même nombres de jupes en laine. Bon il exagérait mais Aoi ne connaissait pas le sens du mot restriction en ce qui concernait le shopping, il ne le savait que trop bien. Parfois au téléphone sa mère se plaignait qu'il n'y aurait bientôt plus de place dans la maison à cause de la garde-robe de sa fille. Il se garda donc de tout commentaire car il savait qu'Aoi ne manquait jamais d'arguments dans ce type de discussion et il était déjà las de devoir se défendre comme un ado de seize ans.

Mais la conversation était rapidement devenue plus sérieuse et l'évocation de mettre en place des codes pour parler de choses comme l'Organisation avait été une bonne idée aux yeux du jeune homme. Limite, ils devraient se trouver des surnoms pour parler les uns des autres vu qu'Hayato, Aoi et peut-être lui-même étaient déjà pistés. A cette pensée, le visage de Yuji s'assombrit. Sincèrement, l'idée que l'un d'entre eux, même Hayato, soit capturé, ne l'enchantait guère !
Il fallut tout de même qu'Aoi fasse sentir son impression de se sentir à l'écart. Il fallait avouer que Yuji avait vraiment cette mauvaise manie de surprotéger sa cadette et elle devait le ressentir également au sein du groupe puisqu'il avait du mal à lui laisser prendre un risque qu'elle qu'il soit. Mais d'un côté, il avait bien fait non ? Parce que malgré ses interdits elle n'en faisait qu'à sa tête et voilà où ils en étaient, alors imaginez un peu s'il lui laissait tout passer ?!

" Râle tant que tu veux, en attendant qui c'est qui s'est fait suivre ?! "

Il se rendit compte qu'il avait exprimé ses pensées à voix haute, et en plus sur un ton pas très sympathique. L'anxiété et le stress lui faisaient perdre tout contrôle de lui et il avait cédé à la pression. Il n'aurait jamais dû railler Aoi sur ce sujet qui était plus que sensible, Aoi était morte de trouille et lui se moquait ouvertement ? C'était vraiment naze de sa part, mais involontaire.

" Je ... Je m'excuse ! Vraiment ! Mes .. Ma ... Je suis à bout de nerfs. "

Mais lorsque le jeune homme fit référence à Internet, il vit le visage de sa soeur changer soudainement d'expression. De la mine fière de la fille qui avait pensé rabattre le caquet de son aîné, on passait subitement à la fille déconfite qui avait fait une grosse connerie. Et ce fut le cas en effet, elle lâcha la bombe assez rapidement et avoua avoir discuté avec Sakura de l'épisode de la tour 109. Yuji soupira, elle ne pouvait pas penser à tout. Il n'y avait plus qu'à prier très fort pour que les agents n'aient pas commencé à mettre la demeure des Takeda sur écoute. Si c'était déjà le cas, alors Sakura serait vite coincée aussi. Yuji pâlit.

" E ... espérons que tu n'étais pas encore surveillée. "

Et puis elle lui demanda des comptes à propos de sa rencontre récente avec Hayato, et il raconta ce qu'il avait cru nécessaire de lui dire. Il avait fait un court résumé de la situation mais c'est amplement suffisant pour constater l'étendue des dégâts. Elle s'inquiéta avec une rapidité déconcertante d'Hayato, ce qui confirmait petit à petit les doutes qu'il avait à propos de ses sentiments pour ce mec. Il allait finir à essayer d'entendre les conversations des agents sur Aoi, même si c'était malsain ! Rien que pour savoir ce qu'elle fichait avec lui. Quel frère chiant !

" Merci de t'inquiéter pour moi, je vais bien. Hayato s'en est bien sorti lui aussi ça va. "

Aoi se sentait exclue de la Résistance en quelque sorte. Oui elle était la plus jeune, mais pas la plus faible, et au moins elle avait du caractère ! Pas comme Kazuya. Certes, il était gentil, mais manquait énormément de répartie, il était un peu transparent...Mais tout le monde avait des qualités et des défauts...Et Aoi aussi. Quand elle avait peur, elle n'arrivait plus à réfléchir, elle était aussi étourdie, et un peu trop immature, quelques fois...Mais elle était intelligente, à en juger par ses notes et par les idées qu'elle partageait avec son frère.
Elle manifesta son ressentit, en expliquant à son frère que ce n'est pas parce qu'elle était jeune qu'elle ne savait pas quoi faire, et qu'elle était inutile.

" Râle tant que tu veux, en attendant qui c'est qui s'est fait suivre ?! "

Aoi regarda son frère, bouche bée. Alors là ! Il avait monté le ton contre elle, et elle détestait ça ! Elle avait été la première à s'être fait suivre au sein de la Résistance, comment aurait-elle pu deviner ? Elle ne lisait pas dans le futur, même si cette capacité l'aurait totalement branchée. Et puis après tout, lui et Hayato aussi s'étaient fait suivre...Alors qu'ils savaient pertinemment quels risques ils couraient.


«  Moi je n'étais pas au courant de ce qui se passait, alors que Hayato et toi, oui, et vous vous êtes fait suivre ! Alors ne me donne pas de leçon, je ne lis pas dans le futur... Comment j'aurais pu le savoir ?! »

Non mais, à chacun son tour de s'énerver, hein ! Fallait pas pousser mémé dans les orties ! Aoi n'aimait pas du tout se faire enguirlander par son frère..Premièrement parce que c'était son frère, et deuxièmement, parce que la dernière fois qu'elle s'était faîte engueulée, elle avait atterri dans le mur. Sympathique, hein ?

" Je ... Je m'excuse ! Vraiment ! Mes .. Ma ... Je suis à bout de nerfs. "

«  Moi aussi, je suis à bout de nerfs, j'ai peur, je m'inquiète, et je suis en stresse complet, alors calme-toi. Je sais que c'est dur, on trouvera une solution, il ne faut pas t'en faire pour ça ! »

Oui, elle aussi ressentait cet impression d'être toujours fatiguée, énervée, elle n'arrivait plus à réfléchir correctement, et à trouver des raisonnements rationnels, à la fois pour ses cours, et les solutions qu'elle voulait trouver pour échapper à ses gorilles habillés en noir.
Son frère lui conseilla fortement désinstaller tous ses logiciels avec lesquels elle parlait à ses amis. C'est vrai , elle aurait pu sortir une autre petite bourde, sans le faire exprès. En arrivant chez elle, elle désinstallerait tout..

" E ... espérons que tu n'étais pas encore surveillée. "

«  J'espère...Là , je n'ai qu'une envie : sécher les cours, et tout fouiller, à la maison...J'ai peur, et je veux fouiller chaque recoin de ma chambre, et de la maison...Je m'en fiche si je me fait engueulée par papa et maman, mais...J'ai vraiment peur, et je ne veux plus vivre de cette façon. »

Elle n'avait même plus envie de toucher à son plateau, son appétit s'était envolée, et l'inquiétude avait repris progressivement sa place. Elle avait mal au ventre maintenant, son estomac était noué, sa gorge , serrée, et son cœur battait plus vite...Il fallait vraiment qu'elle se calme. Elle éloigna le plateau, et elle se leva de sa chaise.

«  Moi je ne veux plus rester là..Cet après-midi je n'ai que des activités de club, je peux sécher , pour une fois.. »

En disant ça, Aoi espérait bien que son frère la suive, et qu'il l'aide à fouiller la demeure Takeda de fond en comble.
Sans vraiment réfléchir, Aoi avait posé une question, très rapidement : «  Et Hayato, est-ce qu'il va bien ? »
Son frère la regarda d'une drôle de façon, comme s'il savait ce qu'elle ressentait pour lui. Certes, à côté des problèmes qu'avait crée l'Organisation, ce n'était vraiment rien..Mais elle se recevrait quand même les foudres de son frère...Qui ne manqua pas de rajouter une petite couche.
La jeune nippone qui s'apprêtait à remettre son manteau s'arrêta directement dans son élan.

" Merci de t'inquiéter pour moi, je vais bien. Hayato s'en est bien sorti lui aussi ça va. "

«  Je me doute que tu vas bien , sinon tu ne serais pas en face de moi..Je suis désolée, j'ai pensé à lui parce que je ne l'ai pas vu depuis votre agression...Puisque tu étais avec lui, je te le demande..Mais je ne favorise aucun de vous deux... »

Ou pas.

Aoi s'empourpra immédiatement lorsque son frère eut le malheur de hausser le ton sans s'en rendre comopte. Il n'avait même pas eu le temps de s'excuser avant qu'elle ne s'emporte, telle une tempête. Elle était drôlement impulsive tout de même ! Et de toutes les manières elle n'avait pas tort, la faculté de lire dans le futur n'avait été octroyée à aucun d'entre eux, aux dernières nouvelles. Yuji disposait du métamorphisme, Aoi de l'immortalité, Kazuya de la télékinésie, Hayato de la mémoire motrice spontanée et Sakura de la technopathie. Pourtant, le don de connaître le futur à l'avance leur aurait été franchement utile pour avoir quelques longueurs d'avance supplémentaires face à l'Organisation.
N'ayant aucune envie que sa soeur continue de lui parler façon leçon de morale, Yuji ne prit même pas la peine de répliquer à ce qu'elle venait de lui dire, malgré le fait qu'il ait été piqué au vif. Cela ne faisait jamais plaisir de se faire enguirlander et même remonter les bretelles, surtout par sa cadette de trois ans. Mais elle lui avoua qu'elle aussi était à bout, comme ils l'étaient sans doute tous de toute manière. Mais chacun l'exprimait à sa façon et malheureusement pour Yuji il avait tendance à passer ses nerfs sur les autres quand il était à deux doigts d'exploser. Certains pleuraient, d'autres s'isolaient, d'autres encore avaient besoin de discuter pour évacuer, eh bien lui il s'énervait injustement contre des gens qui ne lui avaient rien fait.

Puis elle lui raconta qu'elle avait discuté sur msn avec Sakura de l'aventure de la tour 109, ce qui inquiéta Yuji. Après tout, s'ils étaient déjà surveillés, peut-être qu'elle les avait vendus. Mais qu'y pouvait-elle ? On ne pouvait pas penser à tout, surtout quand ceux qui avaient décidé de sauver les Héros avaient entre 17 et 20 ans. Il s'était donc contenté d'espérer à voix haute que la maison des Takeda n'ait pas encore été mise sous surveillance. Et là Aoi lança sur un ton inquiet qu'elle n'avait qu'une envie, c'était de sécher les cours pour aller fouiller la maison de fond en comble. Il allait répliquer, s'apprêtant à lui faire une leçon de morale sur l'importance des cours, mais il se ravisa aussitôt. Il était très mal placé pour lui dire ce genre de choses, séchant lui même ses propres cours afin de se rendre aux labos de l'Organisation. Certes il y avait un but précis et dessiné, mais vérifier les recoins de la maison n'était pas non plus inutile. Cependant, autant sécher les cours de la fac passaient inaperçus, autant ceux du lycée l'étaient beaucoup moins. Mais Aoi s'empressa de le rassurer avant même qu'il n'ait pu ouvrir la bouche en disant qu'elle n'avait que des activités de clubs cet après-midi, qu'elle pouvait rentrer. Dans ses souvenirs, quand il était au lycée, beaucoup s'amusaient à sécher les clubs et l'appel n'était pas fait. Alors pourquoi pas.

" Je ne dirai rien à Mariko mais, je ne te demande qu'une chose : sois prudente et prends soin de toi. "

Ok ça faisait deux choses mais Aoi avait compris l'essentiel du message. En tout cas, par la suite il dut raconter l'épisode de Roppongi à sa soeur et elle lui demanda presque immédiatement si Hayato se portait bien. Il avait eu une envie démangeante de lui dire d'aller vérifier elle-même, mais il avait mis sa fierté et sa stupidité au fond de sa poche et s'était contenté de lui faire un court résumé de la situation, non sans souligner qu'il aurait bien aimé qu'elle s'inquiète aussi un peu pour lui. Sa justification sonna potentiellement juste, mais Yuji n'avait pas le temps d'aller vérifier ce qu'elle avait en tête en disant cela. Ok elle l'avait en face mais qu'est ce qui lui disait qu'il ne prenait pas sur lui pour afficher bonne mine pour ne pas l'inquiéter. Bah, ce n'était pas le cas, les quelques hématomes qui jonchaient son corps n'étaient pas excessivement douloureux hormis si l'on appuyait dessus, mais bon. Yuji aimait bien quand on s'inquiétait pour lui, surtout de la part d'Aoi qui ne le faisait pas souvent.

" Ouais, ben. Il va bien. En tout cas il allait bien quand je l'ai laissé. "

Puis Yuji jeta un oeil à sa montre et son expression neutre se changea en une expression de panique : il était grand temps de se mettre dans la peau de Satoshi et il était déjà quasiment en retard ! Déjà qu'ils étaient surveillés, ce n'était vraiment pas le moment d'éveiller les soupçons sur son personnage de filature. Il se leva précipitamment, enfilant sa veste deux fois plus vite que ne l'avait fait sa soeur, et, jetant son sac sur son bras, il dit rapidement :

" Il est temps pour moi que j'y aille. Si je commence à éveiller les soupçons sur moi avec du retard, on en finira jamais. Fouille la maison si ça peut te soulager, et surtout tiens-moi au courant. Tu m'appelles, tu m'envoies un mail, mais tu me dis. "

Il resta planté un instant devant là devant Aoi, ne sachant pas comment lui dire au revoir. Il avait toujours été très maladroit pour les adieux et il choisit finalement de la saluer d'un geste de la main et d'un sourire qui se voulait bienveillant. Et il passa la porte du réfectoire en marchant d'un pas précipité.